LES SIFFLEURS
Cristi, un inspecteur de police de Bucarest corrompu par des trafiquants de drogue, est soupçonné par ses supérieurs et mis sur écoute. Embarqué malgré lui par la sulfureuse Gilda sur l’île de la Gomera il doit apprendre vite le Silbo, une langue sifflée ancestrale. Grâce à ce langage secret, il pourra libérer en Roumanie un mafieux de prison et récupérer les millions cachés. Mais l’amour va s’en mêler et rien ne se passera comme prévu…
Critique du film
Pas une édition du festival de Cannes sans un représentant de la fameuse « nouvelle vague » roumaine, valeur sûre du cinéma international, pourvoyeuse de grands films et d’auteurs de talents. Corneliu Porumboiu aime le registre comique, il y avait excellé avec Le trésor, présenté en sélection officielle à Un certain regard en 2015, summum d’humour noir minimaliste sur fond de butin enterré. Et de magot il est encore question avec ce nouveau film (La gomera) qui porte le nom d’une île des Baléares où se passe une partie de l’histoire, et où s’apprend une mystérieuse langue sifflée, pratique pour communiquer à distance sans être compris des non initiés. Ce polar comique au ton pince-sans-rire est avant tout un film de portraits.
En effet, chacun des personnages principaux a droit à son chapitre, annoncé par son prénom sur un fond coloré. C’est une manière assez classique de décomposer le récit, chaque morceau se déroulant dans une temporalité différente, dans des localisations géographiques variées, entre Roumanie, Baléares ou encore Singapour. Le personnage le plus présent se nomme Cristi, un policier véreux qui présente des atours d’honnête fonctionnaire respectueux des lois. Il se retrouve mêlé à une histoire d’argent que veut récupérer une mafia ibérique à cause de son lien avec un petit malfrat roumain et sa fiancée la plantureuse Gilda. La mise en scène est très habile mais aussi très efficace. Les siffleurs est très bien conçu, son architecture est impeccable, divertissant et amusant grâce son humour absurde contenu dans chaque situation.
Si ces différents tableaux sont parfaitement exécutés, ils manquent par contre d’originalité. Le film ne contient pas vraiment de surprises, ses enjeux sont évidents, trop sans doute, sans que rien n’accroche, ne stimule véritablement nos émotions. Porumboiu fait donc ici office de bon élève doué et travailleur, mais qui manque cruellement de folie et d’extravagance. Sans doute que le film gagnerait à être vu en dehors des conditions d’un festival d’un tel niveau, rarement atteint ces dernières années. Si l’on ne peut rien lui reprocher, le sentiment qui domine est que l’on risque malheureusement de l’oublier bien vite malgré ses qualités et son orfèvrerie d’écriture.