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LES TROIS JOURS DU CONDOR

Joseph Turner est un agent de la CIA chargé de réunir un maximum d’informations dans les livres d’espionnage afin d’en glaner des idées. Sa vie va changer lorsqu’il retrouvera tous ses collègues assassinés pendant la pause-déjeuner.

Critique du film

Tourné entre Yakuza (1975) et Bobby Deerfield (1977), Les Trois Jours du Condor transpose un roman de James Grady, publié juste un an avant en 1974 et qui devint rapidement un best-seller mondial. Le roman de Grady, en passant à l’écran, s’enrichit d’un sous-texte politique absent au départ. L’affaire du Watergate qui a éclaté a profondément ébranlé la confiance du peuple américain dans ses institutions. Des films antérieurs à celui de Sydney Pollack ont déjà exprimé un pessimisme et une méfiance qui flirtent avec la paranoïa : A cause d’un assassinat d’Alan J. Pakula et Conversation secrète de Francis Ford Coppola, mais aussi Serpico de Sydney Lumet, axé lui sur la corruption policière et qui présente aussi le personnage d’un homme solitaire en quête d’une certaine vérité et d’une intégrité qui entraînent isolement et menaces. L’ennemi peut être partout et il se trouve à l’intérieur.

Le personnage de Turner, interprété par Robert Redford, apparaît vite comme un électron libre et un individualiste au sein de l’administration à laquelle il appartient. (En résumé, une cellule de la CIA où on décrypte toutes les publications). Il semble arriver régulièrement en retard, ne respecte  pas les filières officielles et prend certaines libertés par rapport aux consignes de sécurité. Il ne s’agit pas d’un homme d’action au départ, mais d’un agent payé pour lire et décoder. Les circonstances vont le contraindre à fuir, se cacher pour sauver sa vie mais aussi pour faire éclater au grand jour une vérité dérangeante.

Cet individualisme du personnage n’est pas la marque d’un homme qui ne considère que son intérêt mais, au contraire, la conséquence d’une époque et d’un constat : l’état se montre défaillant et corrompu. Les institutions censées protéger le citoyen paraissent en conséquence tout aussi dévoyées. De là l’obligation de se battre seul, dans l’ombre tant qu’on n’a pas prouvé et rendu publics les agissements de ceux qui ont trahi leurs principes et leurs missions.

Thriller politique typique des années 1970, Les Trois jours du Condor constitue à la fois un divertissement réalisé de main de maître par Sydney Pollack et un film engagé aux nombreux atouts : le charme du couple formé par Robert Redford et Faye Dunaway, le charisme et l’ambiguïté de Max Von Sydow en tueur aux motivations énigmatiques, le travail du chef opérateur Owen Roizman et une intrigue solide et crédible : tout concourt à faire de ce film une des réussites majeures de son réalisateur.

Bande-annonce

30 septembre 2020 – De Sydney Pollack, avec Robert RedfordFaye DunawayMax von Sydow