LES VEUVES
Chicago, de nos jours. Quatre femmes qui ne se connaissent pas. Leurs maris viennent de mourir lors d’un braquage qui a mal tourné, les laissant avec une lourde dette à rembourser. Elles n’ont rien en commun mais décident d’unir leurs forces pour terminer ce que leurs époux avaient commencé. Et prendre leur propre destin en main…
Les braqueuses.
Le cinéaste surdoué Steve McQueen s’est construit rapidement une solide réputation, Oscar à la clé, grâce à un talent indéniable dans la mise en scène et le récit articulé autour de thématiques politiques et/ou psychologiques, en témoignent Hunger, Shame et 12 years a slave. Ainsi, lorsqu’il conçoit un film de braquage féministe, cela fait davantage sens que l’opportuniste Ocean’s 8. Pourtant, Les veuves demeure limité autour de son concept : quelques femmes, devenues veuves après la disparition brutale de leur époux/compagnon criminel, décident de réaliser un casse de plusieurs millions qui leur permettrait de rembourser leurs dettes (auprès d’un groupe de gangsters) et de se mettre à l’abri du besoin. Certes, il y a quelques éléments à coloration politique (les bavures policières, les magouilles politiciennes…) mais, en dépit du talent de McQueen, le rendu final de Les veuves ne se distingue pas particulièrement plus que tout autre polar ordinaire, argument « empowerment » ou pas.
Le casting all-star cast traverse les différents incontournables du genre, incluant un twist central assez mal venu car déstabilisant l’ensemble de l’oeuvre que McQueen s’est évertué à bâtir. Plus que les intentions de départ ou le potentiel à l’écran, le problème semble venir essentiellement du scénario, façonné par la nouvelle coqueluche d’Hollywood, Gillian Flynn, auteure alternant le bon (Gone girl, Sharp objects) comme le mauvais (Dark places). L’intrigue souffre de son manque de plausibilité, et le retournement de situation absolument inutile prête plus à sourire qu’à faire tomber les mâchoires.
Bien qu’il soit plutôt agréable de suivre un film d’action mettant en scène des personnages féminins surpassant leurs protagonistes masculins et d’apprécier une paire de séquences haletantes, le manque de cohérence générale devient un véritable fardeau dont Les veuves ne parvient jamais à s’affranchir. Restent le talent de ses têtes d’affiche. Viola Davis assure, sans grande surprise. Mais c’est bien Elizabeth Debicki qui marque les esprits, volant pratiquement la vedette à ses complices, dans la peau d’Alice, femme jusqu’alors cantonnée à ses attributs physiques et habituée par sa propre mère à se reposer sur les hommes.
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