L’IMPORTANT C’EST D’AIMER
Critique du film
L’important c’est d’aimer est le troisième film d’Andrzej Zulawski et le premier qu’il réalisa en France, suite à des problèmes rencontrés avec la censure polonaise sur le film Le Diable. Il s’agit d’une adaptation partielle du roman qui reçut le Prix Renaudot en 1972, « la nuit américaine » (sans rapport avec le film de Truffaut). Ce livre écrit par le scénariste et futur cinéaste Christopher Franck, nous plonge dans une vision cruelle des mondes du théâtre et du cinéma.
Le film offre une vision noire et désespérée du monde et de l’humanité. La faune qui peuple cette histoire est plutôt peu reluisante et l’ambiance assez glauque. Toutes les scènes se passent d’ailleurs dans des lieux clos, souvent des dans des appartements aux murs lépreux ou aux tentures moisies. Et les scènes de tournage ou de répétition sont des lieux où règne la violence. Pourtant, malgré cette ambiance oppressante, il subsiste quelques notes d’espoir. Il est encore possible de rencontrer des moments de lumière ou d’amour, même s’il faut les arracher après des épreuves, des traversées de l’enfer.
Il s’agit très certainement d’un des plus grands rôles de Romy Schneider, un des plus marquants et des plus bouleversants. Un de ceux où, peut-être, elle dévoile le plus sa part d’ombre et de dépression. Elle incarne Nadine Chevalier, actrice de seconde zone et femme brisée, qu’un photographe va essayer de sauver de la déchéance.
Échapper à la chute
Les autres membres de la distribution sont remarquables : Jacques Dutronc, dans le rôle de l’époux de Romy Schneider, cinéphile fantasque et fragile était une vraie révélation dramatique. Fabio Testi, en photographe, ancien reporter de guerre condamné aux petites combines pour survivre, offre une interprétation très sobre. Claude Dauphin est inquiétant en maître chanteur et Michel Robin trouve un de ses meilleurs rôles avec son personnage d’alcoolique qui vit au milieu des livres et qui sait que sa femme le trompe avec son meilleur ami. Quant à Klaus Kinski, on se demande parfois s’il ne joue pas son propre rôle !
Il faut souligner dans la réussite de ce film l’importance de la musique de Georges Delerue (aussi mémorable que celle du Mépris). La bande originale du film offre un thème principal très beau, très triste mais aussi des passages dissonants qui viennent renforcer l’aspect étrange et inquiétant du film de Zulawski. A noter également une photographie crépusculaire du chef opérateur argentin Ricardo Aronovich, qui avait travaillé avec Louis Malle sur Le souffle au cœur. On trouve dans L’important c’est d’aimer des moments d’hystérie, mais aussi des moments de lyrisme, grâce au montage et aux mouvements de caméra.
Film violent et inconfortable, L’important c’est d’aimer permit à Romy Schneider de remporter son premier César en 1976 (elle obtint le second pour Une Histoire simple de Claude Sautet en 1979). Il fut aussi nominé pour les César du meilleur montage et des meilleurs décors. Il s’agit d’une œuvre forte et originale, où la beauté, le sublime de certains gestes d’amour permettent d’échapper au sordide et à la chute.
Disponible en VOD sur Arte Boutique, UniversCiné et CanalVOD
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