LINE OF FIRE
Inspiré d’une histoire vraie. Juin 2013. Comme chaque année l’ Arizona est ravagé par les incendies de forêt qui déciment la région. Seuls les pompiers certifiés « hotshots » ont la possibilité de se rendre au plus près de l’ennemi pour le combattre. Eric Marsh, chef d’une caserne locale, et son équipe font tout ce qu’ils peuvent pour obtenir cette qualification qui pourra leur permettre de protéger la ville de Prescott et leurs familles. A force de persévérance ils obtiennent leur certification et vont devoir affronter l’incendie le plus gigantesque que la région ait connue . Au péril de leur vie, ils vont tenter d’éteindre ce brasier impitoyable. Alors que les flammes progressent inexorablement, leur temps est compté…
Tout feu tout flasque.
« Inspiré d’une histoire vraie ». Le genre d’accroche qui aujourd’hui a davantage tendance à faire fuir le cinéphile averti qu’à l’appâter. Ce Line of Fire (aka Only the Brave en VO), troisième long-métrage de Joseph Kosinski après Tron : L’héritage et Oblivion, est le parfait symbole du film typiquement « inspiré d’une histoire vraie ». Tous les éléments y sont : des personnages forts, de bonnes valeurs et de la grosse tragédie pour faire pleurer. Un genre de films un peu devenu la spécialité d’un Peter Berg, auquel le film qui nous intéresse ici fait beaucoup penser, notamment Deepwater, qui s’articulait lui aussi autour d’un groupe de cols bleus confrontés à une catastrophe tragique. Sauf que, malgré tous ses défauts, le thriller de Berg parvenait à générer un minimum de tension, à travers une mise en scène énergique et des personnages attachants.
Malheureusement, Line of Fire manque cruellement de tout ça : hormis deux ou trois combattants du feu dont les caractères sont un peu plus développés que les autres (ceux interprétés par Josh Brolin, Miles Teller et Taylor Kitsch), le groupe n’est constitué que de personnalités interchangeables. Et le fait qu’ils portent quasiment tous fièrement la moustache n’aide pas. Des personnalités auxquelles il est donc difficile de s’accrocher tant on ne les connait pas, et pire encore, on n’a aucune envie de les connaître. Ou alors il faut être fan des Américains musclés à moustache, dont le hobby préféré est de décapsuler ses bouteilles de bière à la tronçonneuse.
Si les personnages s’avèrent peu développés, on pourrait espérer que Kosinski ait mis le paquet sur l’aspect purement visuel de son film – ce qui constituait d’ailleurs les gros points positifs de ses précédents films – et sur le cœur de celui-ci : l’incendie final, celui par qui le drame arrive.
Douchez vos espoirs, ce n’est pas le cas. Il vous faudra patienter près de heure trente pour arriver au moment fatidique. Quatre-vingt dix minutes durant lesquelles le spectateur est exposé à moult poncifs du genre – on est clairement dans le genre du film militaire, avec tous les codes que cela implique – et aux valeurs classiques prônées par ce que les Américains peuvent faire de plus basique : le sens de l’honneur, l’héroïsme primaire, l’esprit de camaraderie (celui où l’on parle de cul en riant bien fort) et surtout le courage.
Alors qu’arrive le climax, qui propose quelques jolis plans tournoyants filmés à l’hélico et, notamment, cette image étonnante de la course effrénée d’un ours enflammé, on ne peut que constater qu’il n’y a finalement pas grand-chose à se mettre sous la dent. D’autant que ce climax se voit bien vite expédié, au point de donner l’impression qu’il manque carrément une bobine entière au film (théorie qui prend de l’ampleur quand on constate que la durée du film selon IMDb est de 2h14, quand le produit fini fait 25 minutes de moins). Ce segment parait d’autant plus frustrant que lorsque Kosinski laisse un peu libre cours à son inspiration visuelle, cela donne LA meilleure séquence du film, un huis-clos oppressant et effrayant sous des vagues de feu destructrices. Mais cela demeurera bien trop timide dans à peu près tous les domaines, que ce soit dans l’action, l’étude de personnages ou le drame.
Le dernier quart-d’heure, s’il parvient malgré tout à générer de l’émotion, vient rappeler que plus qu’un film catastrophe, le but de Kosinski était ici de signer une tragédie, ce que le personnage de Miles Teller parvient joliment à retranscrire, parce que le comédien est doué et capable de faire passer tout un panel de sentiments juste par son regard glaçant. À ses côtés, on retrouve la toujours agréable Jennifer Connelly ainsi que Jeff Bridges, tout en mâchoire en avant dans sa plus belle imitation de Brad Pitt. Line of Fire ne manque pas de défauts, mais contient tout de même quelques séquences à grand spectacle qui auraient mérité d’être découvertes sur grand écran… Il faudra se contenter d’une sortie digitale.
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