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LONGLEGS

L’agent du FBI Lee Harker, une nouvelle recrue talentueuse, est affectée sur le cas irrésolu d’un tueur en série insaisissable. L’enquête, aux frontières de l’occulte, se complexifie encore lorsqu’elle se découvre un lien personnel avec le tueur impitoyable qu’elle doit arrêter avant qu’il ne prenne les vies d’autres familles innocentes.

Critique du film

Telle la nature, le cinéma d’horreur a horreur du vide. Lorsque le récit s’enlise, que la part d’imaginaire est censée prendre le pas sur une mécanique narrative concrète, les films de genre ont la fâcheuse tendance à se contorsionner pour combler quelques manquements. Imaginez désormais un film où s’entremêlent une inspectrice avec des dons de prescience, une enquête piégée entre les tons poisseux de Seven ou des Hannibal Lecter, des poupées sataniques avec des billes de métal et un psychopathe habillé comme un poupon qui s’agite dans tous les sens. Voici Longlegs, un thriller qui change sans cesse de cap pour braver sans réussite sa vacuité.

Enième vrai-faux retour en grâce de Nicolas Cage dans les salles obscures, le film signé Oz Perkins épuise et s’épuise par ses chemins de traverse narratifs sans originalité ni cohérence globale. Malgré sa curieuse introduction horrifique (seule bonne idée vite jetée aux oubliettes), le film s’enfonce dans une surcharge esthétique incompréhensible. Oz Perkins propose un jukebox formel absurde, avec une musique assourdissante qui retape au hasard les scories du genre et de nombreux choix de cadre surannés – le dispositif formel ressemble à un algorithme parodiant Steven Soderbergh. Dans cette cacophonie blasée où personne ne semble jouer dans le même projet, la pauvre Maika Monroe tente d’insuffler un peu d’émotion via son personnage d’enquêtrice en prise avec le Mal.

Mais la direction figée de son réalisateur et sa caractérisation sacrifiée au profit d’un minuscule twist la fait réciter une pâle copie du personnage de Shailene Woodley dans l’excellent Misanthrope de Damian Szifron. Il ne reste, passées ces éléments poussifs, pas grand-chose à se mettre sous la dent, tant Longlegs n’est en fin de compte qu’un instrument promotionnel démentiel. Son pouvoir de séduction est total (difficile de rester de marbre devant les bandes-annonces et les affiches du projet), mais son résultat final paraît bâclé, auto-satisfait de sa petite balade horrifique et de son récit intérieur devinable au bout de dix minutes. Dans un registre proche et malgré ses imperfections, autant (re)voir Kill List de Ben Wheatley.

Bande-annonce

10 juillet 2024D’Oz Perkins, avec Maika Monroe, Alicia Witt et Nicolas Cage.




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