LOOPER
Dans un futur proche, la Mafia a mis au point un système infaillible pour faire disparaître tous les témoins gênants. Elle expédie ses victimes dans le passé, à notre époque, où des tueurs d’un genre nouveau (les « Loopers ») les éliminent. Un jour, l’un d’entre eux, Joe, découvre que la victime qu’il doit exécuter n’est autre que… lui-même, avec 30 ans de plus. La machine si bien huilée déraille…
On va encore me reprocher de ne rien aimer. Ce Looper, réalisé par Rian Johnson et découvert à l’occasion d’une projection privée pour les blogueurs en présence du réalisateur américain, était précédé d’une très élogieuse réputation sur la blogosphère. Mon attente n’était pas spécialement élevée : j’attendais simplement d’être diverti et surpris. Après un Brick un peu abscons mais pas inintéressant cinématographiquement, Rian Johnson retrouve son ami Joseph Gordon-Levitt pour lequel il a écrit le rôle principal de Joe, un looper (loop = boucle) qui se charge d’exécuter les victimes que la mafia lui envoie du futur. Un beau jour – enfin, « beau » est une façon de parler dans ce monde où la misère et la corruption sont reines – on lui expédie un homme qui n’est autre que son futur-lui (incarné par Bruce Willis).
Le pitch est plutôt sympathique et le traitement ne manque pas de bonnes idées, particulièrement en terme de réalisation. On sent que le cinéaste a réfléchi à ses plans et à sa mise en scène en amont, ce qui rend plusieurs séquences assez plaisantes pour le spectateur (malgré des influences et inspirations évidentes). Malheureusement, l’ensemble du film souffre d’un sentiment plutôt désagréable de film foutraque. Mi-western, mi-film noir, Looper est un peu une série B fourre-tout qui se veut humble tout en ayant de trop grosses ambitions. Le cinéaste américain nous a parlé de son envie de faire un film résolument pop où viendraient s’insérer des passages plus romantiques et d’autres plus énergiques. Cela se ressent mais le résultat n’est pas spécialement agréable.
Les personnages ne sont d’ailleurs pas du tout sympathiques et les acteurs jouent tous de façon très maniérée à l’exception d’Emily Blunt. Joseph Gordon-Levitt est affreusement grimé et passe la majeure partie de son temps à essayer de faire du Willis. Quant à ce dernier, il ne recule devant rien : pourquoi n’irais-je pas assassiner des petits gamins sans réfléchir à la légitimité et à la cohérence de mon plan ? A l’image du plan de Joe+30, le film ne tient pas vraiment debout. Les règles du voyage dans le temps sont habilement bottées en touche – même le réalisateur s’en défend très sincèrement, l’impression demeure – et l’univers peu captivant ainsi que le style entre rétro-western et cheap-SF ont beaucoup de mal à fasciner de mon point de vue.
Looper serait un peu un fantasme de geek qui aurait trop passé trop de temps devant L’armée des douze singes, Heroes voire Lost, un plaisir Grindhouse que le cinéaste partagerait avec ses fans geeks. Mais au final, l’alchimie ne fonctionne pas forcément pour tout le monde, la faute à plusieurs défauts évidents (incohérences, écriture des personnages, psychologie, décors cheaps, maquillage de JGL). A vous de voir si vous souhaitez fermer les yeux dessus.
RIAN JOHNSON | USA | 110 MIN | 31 OCTOBRE 2012 | JOSEPH GORDON-LEVITT, BRUCE WILLIS, EMILY BLUNT |
Ah, t’es le premier que je lis qui n’est pas satisfait. N’empêche que j’ai beaucoup envie de le voir celui-ci.
Je suis le premier peut-être mais, dans la salle, j’ai eu l’impression d’être le seul :-/
Ah merde, le commentaire d’Argo s’est ajouté à celui-ci… Bizarre 🙂
Un des films de cette fin d’année que j’attends le plus. Je ne tarderais sans doute pas à aller le voir dès qu’il sortira. En espérant ne pas être déçu comme tu l’as été 😉
Pas mal mai j’en attendais plus. Je ne me suis pas ennuyé pour autant. J’ai eu beaucoup de mal avec le maquillage de JGL et ses lentilles colorées…
Je trouve que tout fonctionne, même le maquillage de Gordon-Levitt. Le film est astucieux, bien écrit, très subtil dans son déroulement. J’y ai pris un immense plaisir. Conclusion : je ne suis pas d’accord avec toi !
Mais j’en suis ravi 🙂 J’avais envie de l’apprécier, ce ne fut pas spécialement le cas. Donc content si certains ont passé un bon moment devant !
J’ai aussi eu beaucoup beaucoup de mal avec le JGL grimé et lentillé ^^
Je te souhaite de l’apprécier 😉
Ça y est, je l’ai vu et suis totalement de ton avis en fait. Dommage.
Oui, c’est une déception même si on passe un moment pas déplaisant.
La fausse exclu, je pensais que la rencontre était une interview. T’étais juste au premier rang d’une avant-première en fait.
Enfin, une avant-première UGC, c’est souvent deux-trois mots en trois minutes.
Là le réalisateur est resté plus d’une heure avec nous pour discuter, échanger et répondre aux questions.
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[…] Firth (A Single man, Le discours d’un roi) et Emily Blunt (Ma meilleure amie sa soeur et moi, Looper), son pitch plutôt classique pouvait cependant laisser espérer un drama sensible sur la quête et […]