LUCIÉRNAGAS
Quand Ramin embarque clandestinement sur un cargo quittant la Turquie, il ne s’attend pas à se retrouver à Veracruz au Mexique. Jeune homme gay persécuté en Iran, il espérait pouvoir rejoindre l’Europe. Maintenant qu’il est à l’autre bout du monde, il cherche à revenir en arrière, supportant mal d’avoir laissé derrière lui son petit ami et son passé. C’est là qu’il va rencontrer Guillermo, un ancien membre de gang venant du Salvador, obligé de fuir son pays, unique moyen pour lui d’échapper à son passé violent, avec lequel il noue une relation ambiguë…
Critique du film
La puissance du non-dit. Le second long-métrage de la réalisatrice iranienne Bani Khoshnoudi construit son histoire sous fond d’air marin, le même oxygène respiré par le séduisant Ramin, incarné tout en subtilité par Arash Marandi. Un jeune homme en quête de liberté, coincé dans cette ville portuaire, au regard cloisonné par cette envie de prendre le large. Sa rencontre avec Guillermo (Luis Alberti), bad boy de la rue, va tout changer. Il y a, en filigrane de ce film sans grande prétention mais d’une tendresse infinie, cette idée de promesse d’avenir, de la beauté du lendemain, qui, malgré la mélancolie, pousse ses personnages à apprécier, chaque matin, le moment magique du lever de soleil.
À Veracruz, les chemins se croisent et s’influencent, Bani Khoshnoudi filme ses protagonistes en pleine perdition – sans oublier Leti (Edwarda Gurrola), gérante de l’hôtel où crèche Ramin, abandonnée par son mari. Luciérnagas, ou lucioles en français, prend alors tout son sens, dans une scène finale où ces regards, lumineux, se croisent une dernière fois, assiègent les mots et se suffisent à eux-même. Malgré le mal du pays, le déracinement, il y a toujours une place pour nous, quelque part, dans l’inconnu. A travers ses moments d’intimité traversés, Ramin et Leti trouveront refuge et le monde continuera de tourner, le soleil continuera de percer.
Bande-annonce
22 janvier 2020 – Réalisé par Bani Khoshnoudi avec Arash Marandi, Edwarda Gurrola