MAGUY MARIN : L’URGENCE D’AGIR
La fiche
Réalisé par David Mambouch
France – Documentaire – Sortie : 6 mars 2019 – Durée : 108 min
Synopsis : Elle est de ces artistes qui creusent des sillons durables et profonds, qui bouleversent les existences. Depuis plus de 35 ans, Maguy Marin s’est imposée comme une chorégraphe majeure et incontournable de la scène mondiale. Fille d’immigrés espagnols, son œuvre est un coup de poing joyeux et rageur dans le visage de la barbarie. Son parcours et ses prises de positions politiques engagent à l’audace, au courage, au combat. En 1981, son spectacle phare, May B, bouleverse tout ce qu’on croyait de la danse. Une déflagration dont l’écho n’a pas fini de résonner. Le parcours de la chorégraphe Maguy Marin, un vaste mouvement des corps et des cœurs, une aventure de notre époque, immortalisée et transmise à son tour par l’image de cinéma.
La critique du film
Maguy Marin, chorégraphe française, originaire de Toulouse s’inscrit dans la grande lignée des créatrices pionnières de nouveaux courants esthétiques. Comparable à une Ariane Mnouchkine pour le théâtre, elle bouleverse les codes de la danse dans les années 80. Elle interroge et questionne les corps, le corps dans toute sa singularité en s’inspirant des mouvements du quotidien, de l’absurde, aussi, avec comme figure phare Samuel Beckett – notamment pour la création de son plus grand chef-d’œuvre May B, directement inspiré de Fin de partie.
A mi-chemin entre la danse et le théâtre, Maguy Marin porte un véritable engagement social et humain en s’affranchissant volontairement du balais classique et des carcans de la beauté stéréotypée en mettant en scène des « corps poussiéreux » qui vont à l’ « envers du pomponnage avant d’aller sur scène ». Maguy Marin revient aux origines, de ce qui nous lie à la vie, en tant qu’individu mais aussi en tant que collectif : le cri.
Si son œuvre a été mal reçue au début de sa carrière, elle est devenue aujourd’hui une figure mondiale phare de la chorégraphie, étant tout premièrement saluée par Anna Kisselgoff dans les années 80, puis finalement récompensée du Lion d’or, en 2016 à la biennale de Venise – succédant notamment aux grandes Pina Bausch ou Anne Teresa De Keersmaeker, qui a d’ailleurs elle aussi suivi l’enseignement de Maurice Béjart.
Détours poétiques
David Mambouch filme de manière très soignée la carrière remarquable de sa mère en portant un regard presque organique sur ses créations. Il y mêle son histoire à lui par des détours poétiques. Maguy Marin, c’est aussi une affaire de famille !
Maguy Marin : l’urgence d’agir retrace l’historique du travail d’une vie sous forme documentaire tout en étant ponctué d’extraits de spectacles, d’archives, et de passages en coulisses. Le temps qui passe semble être une obsession pour la chorégraphe, qui affirme avoir pris conscience de l’importance de la succession des générations après la mort de son père, cette figure traumatique qu’elle a passé sa vie à fuir, allant jusqu’à lui provoquer une réelle « peur des hommes ». La sexualité, voilà un leitmotiv dans son travail, « j’ai morflé » dit-elle, émue, « mais j’ai toujours fait passer la lutte des classes avant la lutte des genres ».
David Mambouch présente ici un ouvrage extrêmement vivant sur le processus de création mais également sur la pensée politique marquée de sa mère, depuis toujours engagée contre le néolibéralisme et les mutations sociétales que l’on lui doit. Il y dépeint son exigence, son volontarisme, son parcours semé d’embûches, sa notion du travail collectif, et son dévouement aux plus seuls. Elle n’a jamais renoncé. À voir et à découvrir !
