MANY SAINTS OF NEWARK – UNE HISTOIRE DES SOPRANO
Avant d’être une légende du crime, Tony Soprano a fait ses gammes auprès de son oncle, Dickie Moltisanti. Dans un contexte explosif de guerre des gangs, cet intraitable parrain a ouvert les portes de la mafia à son neveu.
Critique du film
(attention : si vous n’avez pas vu la série Les Sopranos, cet article contient des éléments-clés sur l’intrigue de la série)
Depuis le 10 juin 2007, un fond noir hante les esprits de celles et ceux qui ont suivi la vie criminelle et familiale de Tony Soprano. Surgissant en plein milieu d’une scène de repas en famille tendue, rythmé par le son des Journey et captant une dernière fois le visage de Tony Soprano, cette coupe conclut l’une des plus grandes séries américaines avec un état d’incertitude important. Qu’est-il arrivé à Tony Soprano ? S’est-il fait exécuter dans ce diner ? Va-t-il devoir surveiller ses arrières tout le long de sa vie ou continuer à mener son business et à écraser ses ennemis comme la voiture qui a éliminé son dernier nemesis, Phil Leotardo ? Une chose est certaine : tout ce qui a précédé ce fond noir présentait une figure aussi monstrueuse que passionnante à suivre : Tony Soprano. Qu’est-ce qui l’a transformé en mafieux qui enchaîne les crimes aussi vite que les séances de psy ? C’est à cette question à laquelle va s’attarder, en partie, Many Saints of Newark.
Contrairement à El Camino où Vince Gilligan offrait une porte de sortie à Jesse Pinkman après la conclusion de Breaking Bad, le passage des Sopranos au cinéma par David Chase et Alan Taylor n’est pas une suite de ce climax de la série. Par l’intermédiaire d’une voix fantomatique damnée, celle de Christopher Moltisanti (exécuté par Tony dans le 18ème épisode de la saison 6, aussi réalisé par Alan Taylor), on replonge dans les années 60 et 70. Many Saints of Newark suivra deux parcours qui se complètent : Dickie Moltisanti, gangster qui côtoie la famille Soprano, et son neveu Anthony, qui deviendra le célèbre Tony Soprano. La réapparition vocale de Christopher n’a rien d’un gadget pour fans : nul autre que ce personnage peut comprendre la trajectoire de Tony tant il a connu la même. Et ses derniers mots, qu’on ne dévoilera pas, confirme ce dont traite vraiment Les Soprano : la transmission d’un pouvoir criminel démoniaque.
Cette histoire, les vétérans Alan Taylor et David Chase la traitent avec efficacité. Conscients de ne plus être dans un format sériel, les deux artistes condensent en deux heures de film l’essence de la série. Les scènes s’enchaînent et les personnages défilent, comme le faisait la série où l’on pouvait aussi bien côtoyer les mafieux que la famille Soprano. Many Saints of Newark prolonge le monde dans lequel les téléspectateur.ice.s se sont immergés dès 1999. Une séance de retrouvailles plaisante mais qui risque de laisser les néophytes sur le côté.
Bande-annonce
3 novembre 2021 – De Alan Taylor, avec Alessandro Nivola, Leslie Odom Jr., Vera Farmiga
