MARCEL LE COQUILLAGE (AVEC SES CHAUSSURES)
Critique du film
Marcel est un adorable coquillage de quelques centimètres de haut qui mène une existence douce et chaleureuse auprès de sa grand-mère Connie, dans un pavillon déserté par ses propriétaires depuis leur séparation. Faisant autrefois partie d’une vaste communauté de coquillages, ils vivent désormais seuls tels des survivants d’une mystérieuse tragédie. Lorsqu’un réalisateur de documentaires les découvre dans le logement qu’il a loué via Airbnb, le court métrage qu’il met en ligne sur Youtube propulse Marcel comme star d’internet avec plus de 20 millions de visionnages et des milliers de fans passionnés (avec les dérives dangereuses qui en découlent). Cette notoriété relance ses espoirs de retrouver sa famille perdue depuis longtemps.
Marcel the Shell With Shoes On (littéralement Marcel le coquillage avec ses chaussures) est la première incursion du célèbre studio indépendant A24 dans la sphère des productions familiales, qui pourrait autant rappeler quelques pépites de Pixar que certaines oeuvres des artistes de Ghibli. Basé sur le court métrage du même nom de 2010, le long métrage prend la forme d’un faux documentaire composé de courtes séquences que Dean a tournées durant deux ans. En résulte une charmante tranche de vie, simple et touchante, qui parvient à maintenir notre intérêt en dépit d’une intrigue minimaliste, qui privilégie la douceur des petits moments aux grands rebondissements. Le spectateur suit ainsi Marcel dans son exposé facétieux des différentes installations et ingénieux systèmes élaborés avec sa grand-mère afin de survivre. À chaque problème, une solution. Une tranche de pain de mie comme matelas, un pot de miel pour y tremper ses pieds afin d’escalader les murs et atteindre des endroits en hauteur, une balle de tennis comme moyen de se déplacer dans la maison plus rapidement (malgré les embûches) et une multitudes d’installations techniques faites à force de sueur et de débrouillardise.
Toute cette découverte serait absolument adorable comme une vidéo de chaton si derrière l’innocence et la mignonnerie du personnage ne résidait pas un fond de chagrin et de mélancolie. En effet, si la majorité de cette fiction surprenante consiste à suivre ce petit personnage savourant les petits plaisirs de la vie, son existence n’est pas dénuée d’urgence (la menace extérieure, la santé de sa grand-mère vieillissante) et d’un sentiment de perte. Sa quête pour retrouver les siens reflète l’importance de la famille et de la communauté pour ses créateurs, et son épilogue rend un hommage poignant à celleux qui nous ont accompagné vers la vie d’adulte.
Bien qu’un peu décousu, Marcel le coquillage possède le coeur, l’humour et la tendresse nécessaires pour ne pas se contenter d’être simplement un objet filmique curieux et mignon. Son singulier et attachant personnage éponyme devrait charmer les cinéphiles de tous âges à travers son histoire drôle et inventive, à la fois craquante et réconfortante, sur la mémoire et la recherche de connexion avec les autres.
Bande-annonce
14 juin 2023 – De et avec Dean Fleischer-Camp,
Avec les voix de Jenny Slate, Isabella Rossellini, Rosa Salazar