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MARIA

L’histoire tumultueuse, belle et tragique de la vie de la plus grande chanteuse d’opéra du monde, Maria Callas, reconstituée pendant ses derniers jours dans le Paris des années 1970.

Critique du film

Après le poète (Neruda), la Princesse de Galles (Spencer) et la Première Dame (Jackie), le très prolifique Pablo Larrain se penche sur une autre figure iconique du XXe siècle : la diva, Maria Callas. Prenant plaisir à recomposer des biopics ne répondant pas au traditionnel cahier des charges du genre, en resserrant ses portraits sur une période bien précise et réduite, comme il le fit avec Diana Spencer et Jackie Kennedy, il met en scène les derniers jours de la grande cantatrice sans chercher à offrir une vision large de son existence, mais bien de raconter la femme derrière l’artiste emblématique.

D’emblée, il déjoue les attentes des spectateurs en démarrant son film le jour-même du décès de la mythique chanteuse greco-américaine, le 16 septembre 1977 dans son immense appartement parisien. La première vision de la star évoque celle d’un spectre : elle déambule dans sa prison dorée, parée d’une longue chemise de nuit blanche, comme un signe annonciateur de son funeste destin. Bien que parsemé de flashbacks revenant sur quelques moments phares de son existence et notamment sa relation sentimentale avec Aristote Onassis, Maria concentre essentiellement son récit sur cette dernière semaine fatidique.

Jouant habilement et visuellement sur le contraste entre le crépuscule de la chanteuse et ses instants de gloire, le film raconte autant Maria que celle qui fut « la Callas », donnant à voir son déclin artistique et à sa fragilité. Dépendante aux stimulants, calmants et autres sédatifs, elle porte déjà une silhouette bien frêle, traduisant ses troubles alimentaires et son obsession maladive pour son image, son besoin de lumière et ses blessures irréparables. Pablo Larrain ne cherche pas à égratigner l’icône, lorsqu’il la montre traitant sa gouvernante et son majordome comme des servants disposés à satisfaire ses moindres caprices, embrassant son étiquette de « diva ».

Maria

Bercé par les opéras que Maria Callas a sublimé de sa voix durant sa période de gloire, le film rend hommage au don de la chanteuse lyrique, mais dépeint aussi l’affaiblissement de ses capacités vocales, qui hantera la fin de sa vie, comme si elle était prisonnière de son propre mythe et toujours réduite à ses performances. Dans le rôle-titre, Angelina Jolie est parfaite dans son incarnation sans surjeu, sans forcer le trait ni le mimétisme, rappelant qu’elle reste une grande actrice. Il est regrettable, en revanche, que les personnages secondaires souffrent d’un manque de développement, surtout avec une telle distribution.

Malgré l’admiration que semble sincèrement porter Larrain à Callas et sa beauté plastique incontestable, son biopic laisse une impression frustrante, comme si à trop resserrer son récit autour de la dernière semaine de sa vie, il s’était lui aussi contraint à l’enfermement autour d’enjeux mineurs.

Bande-annonce

5 février 2025 – De Pablo Larraín

Avec Angelina JoliePierfrancesco FavinoValeria Golino