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MASCARADE

Lorsqu’un jeune gigolo tombe sous le charme d’une sublime arnaqueuse, c’est le début d’un plan machiavélique sous le soleil brûlant de la Côte d’Azur. Les deux amoureux sont-ils prêts à tout pour s’offrir une vie de rêve, quitte à sacrifier celle d’une ancienne gloire du cinéma et d’un agent immobilier ?

Critique du film

Avec quatre films en six ans, le rythme est soutenu pour Nicolas Bedos, qui, après avoir posé la main sur un épisode de la série OSS 117, présente un nouveau long-métrage, Mascarade. Si les projets sont tous différents, on reconnaît une même envie de mobiliser les talents les plus en vue du cinéma français au profit d’intrigues très construites où les rebondissements sont légion et les surprises se répètent jusqu’à des conclusions qui se veulent toujours plus surprenantes. On retrouve ici Pierre Niney et Marine Vacth, jeune couple attendant un heureux événement, résidant au palace le Negresco à Nice dans une ambiance paradisiaque. Ce faux-semblant initial est rapidement balayé pour laisser place à des flash-backs entrecoupés de scènes de procès où l’on égrène les raisons de tout ce tumulte. On reconnaît bien là l’auteur de La belle époque et son goût des histoires qui ne se dévoilent pas facilement, baladant le spectateur dans tous les sens.

À coté de ces jeunes premiers se pressent de nombreux personnages secondaires, plus âgés, représentant l’argent et la puissance d’une génération qui refuse de vieillir en fréquentant des amants beaucoup plus jeunes qu’eux. Adrien et Margot se sont plu parce qu’ils partagent ces mensonges, ce jeu où l’on prête sa jeunesse et son corps à ceux qui ont tout sauf cette éphémère beauté. En ayant posé ces bases scénaristiques, on comprend assez facilement où le film veut aller malgré ses apparences sophistiquées : mensonges, volte-faces, manipulations et tromperies seront au menu à un rythme soutenu. Un grand sentiment de déjà-vu s’empare de nous dès lors tant les situations sont érodées. Le fait même de situer toute l’action, ou presque, sur la Côte d’Azur, confère à l’histoire un manque d’originalité qui se mêle à cette volonté de souligner l’artificialité de la région telle que la fantasme Bedos.

Mascarade
Les clichés sont omniprésents et de chaque instant : la vieille actrice riche, mais aussi ruinée, jouée par une Isabelle Adjani en roue libre, le promoteur immobilier amoureux de sa femme, mais facilement corruptible auquel François Cluzet prête ses traits, ou encore l’italienne aigrie et revancharde où l’on reconnaît Laura Morante. Pour dérouler sa démonstration, Nicolas Bedos ne nous épargne rien en terme de vulgarité, faisant se succéder les pirouettes aux personnages, tantôt salauds, tantôt sublimes, brouillant les pistes à tel point qu’on ne sait plus qui a fait quoi, ni pourquoi et dans quel but. Cette intrigue à tiroirs ne sait plus que faire pour retomber sur ses pattes pour raccrocher les wagons alignés dès la première scène qui amène tout le monde à comparaitre au tribunal.

Les seuls absents, ceux qu’on entendra pas avant la toute fin, sont Adrien et Margot, apparaissant comme les prestidigitateurs de leur propre histoire, sans qu’on y comprenne plus rien. Que dire de la prétendue morale finale qui se voudrait vaguement féministe, soutenant que le meilleur des mondes est un monde sans hommes ? Comment croire à cette conclusion et ses gros sabots quand tout le film montre les femmes tantôt comme des victimes, des objets ou un trophée ? Rien n’est vrai dans Mascarade, il est donc bien difficile de croire au discours de l’auteur qui pioche plus chez Pierre Salvadori et son Hors de prix (2006), l’humour en moins, que chez Lubitsch et La huitième femme de Barbe-bleue (1938). Le cynisme du discours qui ourle chaque scène finit de lester un film où chaque acteur semble une caricature de lui-même, comme au bout d’une course épuisante qu’on est bien heureux de quitter pour de bon.

Bande-annonce

1er novembre 2022 – De Nicolas Bedos, avec Pierre Niney, Marine Vacth et Isabelle Adjani.