MIRAÏ, MA PETITE SOEUR
La ficheRéalisé par Mamoru Hosoda
Japon – Animation – Sortie : 26 décembre 2018 – Durée : 98 min
Synopsis : Kun est un petit garçon à l’enfance heureuse jusqu’à l’arrivée de Miraï, sa petite sœur. Jaloux de ce bébé qui monopolise l’attention de ses parents, il se replie peu à peu sur lui-même. Au fond de son jardin, où il se réfugie souvent, se trouve un arbre généalo-ma-gique. Soudain, Kun est propulsé dans un monde fantastique où vont se mêler passé et futur. Il rencontrera tour à tour ses proches à divers âges de leur vie : sa mère petite fille, son arrière grand-père dans sa trépidante jeunesse et sa petite sœur adolescente ! A travers ces aventures, Kun va découvrir sa propre histoire.
La critique du film
Autre géant de l’animation japonaise aux côtés des artistes du studio Ghibli, Mamoru Hosoda revient avec Miraï, ma petite sœur, après un passage remarqué à la Quinzaine des Réalisateurs. Le réalisateur du remarqué Le Garçon et la Bête continue d’explorer les rouages familiaux à travers le regard de Kun, petit garçon de quatre ans dont le quotidien est bouleversé par l’arrivée de sa petite sœur Miraï. Rarement un film n’était parvenu à capter l’intimité d’une famille : de la complicité des scènes de bain à celles des repas, du chamboulement d’un nouveau né à la fierté de faire du vélo seul. Chaque scène est d’une simplicité touchante et évocatrice qui nous enveloppe dans un cocon d’une tendresse infinie, le tout renforcé par une animation subtile et sublime.
Entre passé et futur, Miraï raconte le Japon actuel et son équilibre entre tradition et modernité. Il y a l’idée d’une transmission, d’un héritage culturel qui prend racine autour de l’immense arbre au fond du jardin, symbole du temps qui passe. Niché dans une petite maison d’architecte moderne, c’est le père qui est au foyer et gère, parfois maladroitement, les deux enfants tandis que la mère poursuit sa carrière. Ce qui semble normal devient ici presque étonnant dans un Japon très patriarcal. La famille est pourtant harmonieuse, sûrement grâce à l’amour qui unit les deux parents.
Miraï est avant tout le récit d’un voyage initiatique, celui du dépassement de soi, de la fraternité et du temps qui passe. Kun est attendrissant car il ressemble à n’importe quel enfant, dans son innocence, ses caprices mais aussi son égocentrisme. Comment est vécue l’arrivée d’une petite sœur dans l’esprit d’un petit garçon, quand celui-ci a toujours été le centre d’attention ? L’imaginaire permet d’échapper aux frustrations d’enfant, à l’incompréhension et à la peur de l’abandon. Le réalisme glisse alors vers le fantastique, dans une traversée du temps où Kun, guidé par sa sœur du futur, trouve sa place dans le noyau familial. C’est aussi l’histoire de chacun, plus universelle, du lien invisible qui unit une famille pour le pire, mais surtout le meilleur. Aussi touchant que drôle, Miraï, ma petite sœur prend par la main ceux qui se laissent charmer par sa poésie du quotidien.