MON NOM EST CLITORIS
Ce documentaire est un dialogue entre jeunes femmes autour de la sexualité féminine. Avec une liberté, un courage et un humour communicatifs, elles partagent leur expérience et leurs histoires, dans la volonté de changer le monde autour d’elles et de faire valoir le droit des femmes à une éducation sexuelle informée, délivrée des contraintes et des tabous.
Critique du film
À quoi ça ressemble, un clitoris ? C’est à cette question un peu embarrassante, presque triviale au premier abord, que vont répondre les deux réalisatrices Lisa Billuart Monet et Daphné Leblond dans leur premier documentaire intitulé Mon Nom est Clitoris, passé par Chéries-Chéris en 2019. Une fois le rire gêné passé, le constat est unanime : seulement une intervenante sera capable de le représenter correctement. Preuve en est que ce minuscule organe (en apparence), aussi risible puisse-t-il être considéré, demeure encore inconnu.
Loin de la mécanique froide des cours de biologie, les deux réalisatrices parviennent à créer un espace sain et bienveillant pour évoquer la sexualité féminine. La pluralité des intervenantes ajoutent à la conversation des perspectives politiques, croisant aussi bien les orientations que les origines afin de mettre le doigt sur les différentes problématiques de la société. Le clitoris devient ainsi un organe militant, véritable symbole d’émancipation. L’atmosphère est conviviale, regroupant les différents témoignages de jeunes femmes dans la vingtaine, et s’apparente davantage à une conversation entre copines qu’à un énième cours d’anatomie féminine.
Et c’est sans doute toute la force de Mon Nom est Clitoris. Les deux réalisatrices brisent les tabous qui entourent le plaisir féminin avec une pointe d’humour, qui contribue à dédramatiser le sujet. Du clitoris découle des questionnements en cascade, abordant aussi bien les notions de consentement et de masturbation, mais aussi chose plus rare, de douleurs et de sensations physiques. Si l’on ne répétera jamais assez que les représentations à l’écran ont un véritable impact sur les spectateur.ice.s, il est d’autant plus flagrant que les expériences de chacune, aussi normales soient-elles, ont rarement été exprimées à l’écran avec autant de vérité . La spontanéité et le naturel des différentes intervenantes ancrent le sujet dans une réalité souvent méprisée, et aident à le normaliser.
Au-delà de l’aspect éducatif du documentaire (car oui, on apprend encore sur la sexualité féminine en 2020), Mon Nom est Clitoris permet de discuter du plaisir féminin avec douceur et sincérité, s’adressant volontiers aux jeunes femmes, mais pas seulement. Si le terme semble galvaudé, nul doute que le documentaire soit véritablement essentiel, tant il met en lumière les méconnaissances de chacune sur leur propre corps, et y apporte un regard rafraîchissant et sans culpabilité.
Bande-annonce
22 juin 2020 – De Lisa Billuart Monet et Daphné Leblond
