Monolith

MONOLITH

Une journaliste en disgrâce tente de sauver sa carrière en se tournant vers le podcast d’investigation. Tout en essayant de faire la lumière sur un étrange artefact qui pourrait être lié à une conspiration, elle commence à découvrir les mensonges au cœur de sa propre histoire…

Critique du film

Au sein de la cinématographie internationale, les films australiens sont aussi à part et singuliers que leur pays est lointain et mystérieux. Que ce soit les grands cinéastes et leurs œuvres célébrées et multi-primées, comme Peter Weir ou George Miller, ou bien toute une galaxie de petits films indépendants, ce cinéma regorge de fictions loufoques et inclassables dont l’intérêt ne se dément pas au fil des décennies. Matt Vesely réalise son premier film avec Monolith, autour d’un seul et unique personnage, une journaliste réalisant son premier podcast pour oublier une sombre histoire qui lui a fait perdre son emploi dans un quotidien national. Il y est question de faits divers, d’événements inexplicables et d’éléments fantaisistes sensés attirer les auditeurs en manque d’histoires lugubres.

On comprend rapidement qu’il s’agit d’une forme de huis-clos, une grande maison faisant office de forteresse, aussi bien physique que mentale, coupée du monde extérieur par une vaste forêt. L’altérité ne se fait entendre que par des voix, enregistrées par la narratrice sur un enregistreur, qu’elle monte ensuite sur son ordinateur pour délivrer son premier épisode. Le sordide laisse rapidement la place à l’horreur, et les seules données sonores s’effacent pour laisser plus de place au corps, qui extériorise littéralement ce qui n’était alors que des mots. Il y a quelque chose de très malin à limiter ainsi les effets du film pour les concentrer tout d’abord sur l’histoire, la qualité de celle-ci pouvant suffire à distiller ce qu’il faut d’angoisse pour capter l’attention du spectateur.

Ces premiers instants qui définissent le cadre de l’intrigue sont ainsi les plus intéressants, les témoignages recueillis par l’enquêtrice suffisant à créer une atmosphère tendue et complètement anxiogène. Ce type de ficelle narrative peut-elle durer sur l’ensemble d’un long-métrage ? L’écueil évident est comme franchir le pont entre une introduction réussie et un cœur d’histoire qui finit de convaincre. C’est sans doute là que l’auteur ne réussit pas vraiment son pari, après avoir intrigué sur cette ligne ténue, soutenue par une multitude de voix, il se concentre de nouveau sur le personnage principal et le remet au centre de la trame.

Si l’objet qui donne son titre au film devient une sorte de deus ex machina très étrange, il est presque vidé de sa contenance par une parabole psychologisante sur les choix d’une enfant qui aurait choisi de sacrifier la fille d’une employée de maison par jalousie. L’énigme autour de l’objet perd dès lors de sa consistance à l’aune de l’idée que toute cette histoire pourrait n’être qu’une vieille histoire de famille resurgissant au grès d’une crise existentielle qui ferait chavirer la raison d’une femme en proie à une psychose des plus banales. Que Monolith soit un film fantastique, un drame horrifique teinté de body horror, ou bien l’illustration d’une maladie mentale, il peine à fructifier les espoirs nés des premières minutes qui réussissaient si bien à planter un décor dramatique prometteur.

Si Monolith ne convainc pas totalement, il est malgré intéressant dans tout ce qu’il déploie de qualités narrative malgré son économie de moyens presque totale. L’intention d’écouter plus que de regarder, avec pour objet un podcast, est une très bonne idée, qui, si elle n’est pas aboutie, démontre qu’il est possible de créer une histoire originale et ambitieuse avec peu de choses. Il est juste dommage que la métaphore s’incarne aussi mal dans un final décevant et un peu trop évident dans ses effets et sa symbolique.

Bande-annonce

24 juillet 2024 – De Matt Vesely, avec Lily Sullivan, et les voix de Ling Cooper Tang et Ansuya Nathan.