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MONTANA STORY

Cal et Erin, la ving­taine, sont frères et sœurs mais ne se parlent plus depuis des années. Leur père ayant subi une attaque céré­brale, ils se rendent à son che­vet dans le ranch fami­lial où il vit doré­na­vant sous assis­tance res­pi­ra­toire. Des années de res­sen­ti­ments et de non-dits resur­gissent lorsqu’ils doivent prendre des déci­sions qui pour­raient chan­ger leur vie à jamais, mal­gré la dis­tance émo­tion­nelle qui les sépare. 

Critique du film

Qu’elle est grise, ma vallée. Certes, le récit de Montana Story n’est pas des plus originaux. Il consacre une grande partie de son temps à rebattre les spécificités éculées du drame familial, organisé autour d’un père mourant, contesté pour sa violence envers ses deux enfants meurtris contraints de revenir le voir ; et d’une rencontre fortuite d’une culture autre (Ace, le soignant du père, d’origine kényane et individu moteur du purgatoire des dysfonctionnements entre les deux personnages principaux). L’intérêt identifiable dans le synopsis provient surtout du lieu attitré à ce théâtre de sentiments : les prairies du Montana, ses réserves hippiques et sa population multiculturelle.

Le grand ennui de ce film provient justement de l’incapacité des deux réalisateurs du film à donner du crédit à l’environnement qu’il filme. L’étalonnage terne, les plans larges vidés de toute ambition esthétique et l’absence d’approche pathique face à une telle densité géographique captée par les caméras donnent au film la désagréable sensation de ne pas avoir d’intuition sur la forme plastique qu’il pourrait avoir. N’en reste qu’un script rachitique obnubilé par son déroulement, qui sursignifie tout par le dialogue sans jamais dépasser le stade du champ/contre-champ, et des acteurs dont les seules expressions oscillent entre la surprise et la crise de larmes. 

Pourtant, nombre de séquences laissent présager par touches un potentiel foisonnant : lorsque Cal, le fils de la famille, se retrouve contraint d’aider son père inconscient en lui massant les jambes, une expérience sensible se dissémine dans le champ. Un contact quasiment palpable chez le spectateur se noue entre un être incapable d’émettre un son et un jeune homme qui renoue physiquement pour la première fois du film avec son paternel. À ce moment, le soignant Ace lui dit que, lorsque la parole et le regard ne sont plus d’utilité, le ressenti du rythme cardiaque ou la palpation cutanée témoignent d’une volonté de la communication. 

Par des inserts des mains du jeune personnage sur les mollets de son père, cette idée n’est pas loin de s’incarner et d’impacter. Hélas, un cut brutal sur un événement annexe ne permet pas d’explorer en profondeur cette idée d’une rythmique sensorielle comme a pu le faire de façon plus élaborée Chloe Zhao au début de sa carrière de cinéaste. Dommage que cet exemple frustrant, malheureusement loin d’être le seul durant les presque deux heures de long-métrage, n’est jamais creusé et seulement relégué au rang de la chronique basique. Il y avait bien mieux à faire avec un tel postulat…

Bande-annonce


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