MUTE
Dans un proche avenir, Leo est barman dans un Berlin en pleine ébullition. A cause d’un accident survenu dans son enfance, Leo perd l’usage de la parole et ne vit plus que pour sa séduisante petite-amie Naadirah. Quand elle disparaît sans laisser de trace, Leo se met à sa recherche et se retrouve dans les bas-fonds de la ville. Deux espiègles chirurgiens américains constituent les seuls indices qui le poussent à affronter ce milieu infernal afin de retrouver son amour.
Space Calamity.
Après un premier long-métrage convainquant et à la marge des grosses productions spatiales, Moon, Duncan Jones n’a jamais confirmé les espoirs placés en lui. Ainsi, l’arrivée de Mute – directement sur Netflix – ressemble déjà à sa dernière chance avant de détourner complètement le regard.
Après avoir essuyé un sérieux revers au box-office avec Warcraft et une critique sévère (mais visiblement logique), le bonhomme a du affronter de douloureuses épreuves dans sa vie personnelle (la maladie de sa femme, le décès de son père, David Bowie) avant de concrétiser ce projet de longue date vendu comme la prolongation de l’univers créé par son premier long. Malheureusement, il semblerait que ce nouvel essai fantastique soit le faux-pas de trop pour un artiste en plein déconfiture. Dès les premières minutes, on sent que quelque chose ne fonctionne pas. Mash-up visuel de Blade Runner et Tron, love-story sirupeuse généreusement saupoudrée de dialogues d’une balourdise confondante, interprétation bovine (Skarsgard) ou grotesque (Rudd), costumes et maquillages kitsch à souhait (à en faire pâlir de jalousie les directeurs artistiques de Jupiter Ascending), et premiers accrochages dans un night-club où deux porcs font des avances déplacées à la demoiselle en détresse… On sent venir la catastrophe. Et le défilé de « freaks » ne fait que commencer.
Mute n’a rien à dire
Sans renier la bonne volonté de Duncan Jones, on constate que les efforts du garçon pour tendre vers la créativité n’ont pas été payants, bien incapable d’insuffler un semblant d’âme à cet exercice de style superficiel. Sans le moindre intérêt politique, limitant son récit à la recherche d’une amoureuse disparue, Mute ne soulève aucun sujet de fond, trop préoccupé par sa conception formelle pourtant discutable. Les personnages, eux, ne dépassent jamais le statut de stéréotypes (le garçon est sensible et a un coeur noble, la demoiselle est « compliquée » et mystérieuse…) rendant la dimension thriller particulièrement inintéressante.
Netflix, de son côté, continue de donner du grain à moudre à ses détracteurs et confirme cette fâcheuse tendance à accorder aveuglément de conséquents budgets à des auteurs rebutés par Hollywood. Une stratégie qui pourrait s’avérer louable, et parfois payante, s’il n’y avait pas cet espoir à peine dissimulé de miser gros en espérant dénicher la perle rare. Mais avec autant d’erreurs de jugements, la facture commence à être lourde.
Ainsi, à moins de n’avoir rien d’autre à regarder ce week-end et une flemme de sortir proportionnelle à la température extérieure, Mute est une fausse bonne idée de visionnage, une énième mauvaise pioche en forme de patchwork fourre-tout de ce qui a été déjà été (mieux) fait dans le genre, jouant à fond la carte de la stylisation avec autant de mauvais goût qu’un couturier peu inspiré. Antithèse de son premier long-métrage qui faisait de son minimalisme un atout, Mute n’est qu’un petit objet SF boursouflé, criard et désincarné. Une production générique qu’il vous serait vivement conseillé d’éviter si vous ne voulez pas perdre inutilement deux heures de votre temps libre.
La fiche
Je ne comprend vraiment pas comment on peut dire que Cactus et Duck sont stéréotypés? Pour moi ce sont les points forts du film, on se demande même si ils sont complètement fous (a cause des horreurs qu’ils ont vus/infligés lorsqu’ils étaient militaires) ou pleinement conscients d’être sadiques