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NOCE BLANCHE

Un professeur de philosophie d’un lycée de Saint-Etienne, est amené à s’intéresser à une de ses éléves un peu marginale. Il accepte de lui donner des cours particuliers et leur relation va devenir passionnelle.

Critique du film

Troisième collaboration entre Jean-Claude Brisseau et Bruno Crémer, Noce blanche contribua à accroître la notoriété de Vanessa Paradis et à la faire connaître en tant qu’actrice. Il s’agit d’un très beau drame, réalisé avec finesse et sans temps mort. Jean-Claude Brisseau avait été professeur de français et d’histoire durant une vingtaine d’années et on sent que les interrogations du personnage interprété par Bruno Crémer sont nourries de son expérience. Tout semble juste, vrai.

L’interprétation est remarquable. Jean-Claude Brisseau a toujours effectué un travail préparatoire très minutieux avec ses acteurs avant le tournage, passant beaucoup de temps à les observer. Vanessa Paradis était la révélation du film, bien sûr, mais il faut souligner aussi le jeu de Bruno Crémer, qu’on connaissait plutôt dans des rôles de durs ou de baroudeurs (La 317ème section de Pierre Schoendoerffer, La bande à Bonnot de Philippe Fourastié). Son interprétation est subtile, nuancée et il est tout à fait crédible dans le rôle de cet homme qui paraît solide, mais qui est en fait fragile car il a la faiblesse de se croire investi d’une mission envers Mathilde, mission qui outrepasse sa fonction première et qui va le mettre en danger et remettre en cause son couple. Les seconds rôles sont également excellents, en particulier Ludmila Mikaël et François Négret.

Le film présente des similitudes avec le cinéma de Maurice Pialat pour le naturalisme avec lequel il décrit le milieu scolaire et les rapports humains, décrits de façon très réaliste. On peut sentir aussi l’influence de Robert Bresson, pour les aspects épurés de la mise en scène et les thèmes existentiels, voire mystiques.

Suspens sentimental

Ce qui fait également l’intérêt du film vient du fait que, jusqu’au bout on ne sait pas si Mathilde (Vanessa Paradis) est sincère avec François (Bruno Crémer) ou si elle ne fait que le manipuler. On ne saura qu’à la fin ce qu’il en est. Un point commun avec un monument du film noir Assurance sur la mort de Billy Wilder, un metteur-en-scène qu’appréciait beaucoup Brisseau. Car Noce blanche est aussi un formidable suspens sentimental qui laisse le spectateur aussi dubitatif que son héros quant au comportement erratique de Mathilde.

Vanessa Paradis Bruno Crémer
Formellement, le film est très réussi d’abord parce qu’il est esthétique par le travail sur les couleurs, les cadrages et que la très belle musique de Jean Musy accompagne le film sans tomber dans le pathos et sans souligner les situations. Mais la beauté vient aussi du fait que beaucoup de cadrages ou de jeux de lumière ne sont jamais gratuits, dénués de sens. Comme dans une des dernières scènes, à Dunkerque, quand le personnage de François va chez Mathilde, la lumière extérieure qui rentre dans la chambre et qui éclaire le personnage joué par Bruno Crémer. Il y a presque quelque chose de religieux dans cette image, impression renforcée par la construction de la scène (on pourrait presque dire de la composition tant on dirait un tableau) et du cadre dans lequel elle s’inscrit.

Avec ce film, Jean-Claude Brisseau faisait preuve d’une grande sensibilité, tant dans l’écriture que dans la direction d‘acteurs. Beaucoup de pudeur et de délicatesse pour une histoire difficile à réaliser sans tomber dans le piège de la facilité. C’est une œuvre forte et d’une grande richesse thématique et formelle qui a su toucher un public assez large et a rencontré un succès critique mérité.

Test blu-ray

blu-ray noce blanche
 

Image : 5/5

La restauration 2K rend parfaitement justice au travail de Jean-Claude Brisseau et de son chef-opérateur Romain Winding.  Les couleurs sont belles, avec un beau niveau de contraste. Le travail sur l’éclairage prend toute son ampleur. La définition est très belle.

Son :  5/5

Version DTS-HD Master Audio 1,0, Audiodescription Dolby Digital 2,0, Sous-titres Sourds et Malentendants

La restauration sonore est magnifique. Pas de bruit de fond. Les sous-titres sont nets. L’audio-description est faite avec finesse et détaille bien les événements et les réactions des personnages.

Suppléments : 4,5/5

-1) Entretien avec Ludmila Mikaël : 23 minutes (2002)

Ludmila Mikaël revient sur sa rencontre avec Jean-Claude Brisseau et sur le tournage de « Noce blanche » avec beaucoup de détails intéressants. Elle insiste sur la délicatesse de Jean-Claude Brisseau dans sa façon de diriger. Elle fait également l’éloge de Romain Winding, le chef-opérateur. Elle évoque la notion d’humilité et ambition mêlées pour parler de l’ambiance du tournage.

-2) Entretien Jean-Claude Brisseau : 54 minutes (2002) : 

le réalisateur évoque son enfance pauvre et ce que le cinéma pouvait représenter pour lui comme exutoire et comme rêve. Il parle de son parcours, de son œuvre et du thème récurrent dans celle-ci : le sens de la vie. Il parle également de sa méthode de travail et des acteurs du film.

-3) Scènes commentées par Bruno Crémer : 39 minutes

Bruno Crémer commente les scènes du début du film. Il vante els qualités d’écriture de Jean-Claude Brisseau. Il parle aussi de son personnage avec un regard très critique, beaucoup de lucidité quant à ses réelles motivations vis-à-vis de son élève.

-4) Scènes inédites :  15 minutes

les scènes inédites prolongent des scènes présentes dans le film « Noce blanche ». Elles avaient été coupées pour ne pas lever l’ambiguïté qui plane sur la sincérité du personnage de Mathilde joué par Vanessa Paradis.

-5) Bande annonce d’époque

En résumé, les suppléments sont très intéressants. Ils enrichissent la vision de ce film, car ils permettent de mieux comprendre la genèse du film et soulignent la finesse de son metteur-en-scène dans l’écriture et le montage. Il s’agit d’une très belle édition pour un film beau, délicat et sobre.


Noce blanche sera disponible en Blu-ray et en DVD le 4 septembre. Sortiront également dans ces deux formats Un jeu brutal et De bruit et de fureur, deux autres œuvres de Jean-Claude Brisseau. Ces films sont édités par Carlotta Films.

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