NOS BATAILLES
Olivier se démène au sein de son entreprise pour combattre les injustices. Mais du jour au lendemain quand Laura, sa femme, quitte le domicile, il lui faut concilier éducation des enfants, vie de famille et activité professionnelle. Face à ses nouvelles responsabilités, il bataille pour trouver un nouvel équilibre, car Laura ne revient pas.
Ma famille, ma bataille.
Après le succès critique de son premier long-métrage Keeper en 2016 (présenté à de multiples festivals internationaux où il a remporté plusieurs prix), la suite de la carrière du jeune cinéaste belge Guillaume Senez était attendue au tournant – notamment par l’auteur de ces lignes.
Là où Keeper faisait la part belle à la jeunesse grâce à de talentueux interprètes méconnus, ici Senez s’est octroyé les services de solides interprètes expérimentés, avec en premier lieu un Romain Duris portant tout le film sur ses épaules. Malgré ce changement d’équipe, la méthode de travail (les comédiennes et comédiens n’ont pas de véritable scénario écrit sur lequel s’appuyer, uniquement des indications de situations données par le réalisateur) et le résultat final ne changent pas : on retrouve dans ce second essai tout ce qui faisait déjà le sel du premier, c’est-à-dire une justesse de tons, une acuité dans le regard, qui jamais ne tombent dans le pathos ou le misérabilisme qui tendaient pourtant les bras à un tel sujet.
Et l’on peut d’ores et déjà dire que Romain Duris n’est pas étranger à cette réussite : dans le rôle d’un père de famille forcé de gérer seul aussi bien sa situation familiale que sa situation professionnelle, les deux tout autant semées d’embûche, il est tout simplement exceptionnel, d’une intensité et d’un naturel qu’il n’a que rarement atteints durant sa carrière. Les allergiques au comédien devraient ici retourner leur veste tant il y est bouleversant.
Ses échanges avec Lucie Debay, Laure Calamy, et surtout Laetitia Dosch (déjà formidable dans Keeper, plus récemment Jeune femme et bien d’autres films depuis) sont désarmants de fraîcheur, et le combat que mène ce père de famille pour élever au mieux ses enfants n’en est que plus touchant – notamment lorsque le nœud dramatique se resserre dans un dernier tiers prenant soudainement les atours d’un suspens quasiment insoutenable.
Nos Batailles traite donc de l’absence de l’être aimé et de la manière dont on peut s’en relever malgré l’adversité. Les batailles du titre, ce sont celles du quotidien, ces petites épreuves qui, mises bout à bout, peuvent se transformer en véritable chemin de croix. Ce sont aussi celles d’une société où la solidarité face aux dérives professionnelles devient essentielle. Et pourtant Guillaume Senez n’aborde jamais son film de manière didactique ou pesante, mais le fait avec grâce, légèreté et naturel. Deuxième film, deuxième réussite pour Senez. On attend avec grande impatience le prochain.
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