NOURA RÊVE
Critique du film
Dans Noura rêve, il est question des rapports entre les deux sexes, bien sûr, mais aussi de la conception de l’amour en général, de choix cornéliens et d’une société gangrenée par la corruption et le mensonge. Mensonge aux autres ou à soi-même.
Le traitement des personnages refuse tout manichéisme, ceux-ci sont réellement dessinés avec nuances. Noura n’est pas exempte de mauvaises réactions et Jamel peut se montrer protecteur, bienveillant dans certaines situations. Les revirements de Lassad dénotent également d’une personnalité très contrastée. Cette volonté de ne pas tomber dans la simplification donne une grande force au récit et les différents rebondissements ou péripéties de l’intrigue ne font qu’accentuer cette complexité des personnages et des situations.
Le film de Hinde Boujemaa, dans sa description des rapports hommes-femmes, est sans concession. Sans concession, mais aussi sans complaisance. La violence des situations n’est jamais gratuite et s’exprime sans faire appel au voyeurisme des spectateurs.
L’interprétation est très juste. Les acteurs, y compris les enfants, sont vraiment touchants et criants de vérité. La photographie, très belle, restitue une atmosphère de tristesse, de quotidien un peu terne. L’utilisation de la musique ajoute à la tension de l’histoire. On est réellement accroché à cette histoire et au destin contrarié de Noura.
Film engagé, radiographie de la société tunisienne actuelle, Noura rêve est aussi un récit palpitant comme un thriller, un film féministe et humaniste qui refuse le piège du didactisme et qui n’en est que plus convaincant.
Recommandé par la Bobinette Flingueuse
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