ONODA – 10 000 NUITS DANS LA JUNGLE
Critique du film
Le récit du soldat Onoda a déjà tout du romanesque. Formé à la guérilla à la section secrète à Futamata, il est envoyé pendant la Seconde Guerre Mondiale sur l’île de Lubang, aux Philippines. Refusant de croire à la fin de la guerre, Onoda ne capitulera que 30 ans plus tard, en mars 1974. Une figure héroïque ambigüe que choisit d’adapter Arthur Harari dans son second long-métrage, Onoda, 10 000 nuits dans la jungle, qui ouvre la sélection Un Certain Regard.
Sur près de trois heures, Onoda, 10 000 nuits dans la jungle est une impressionnante fresque à travers le temps, au cœur de la jungle luxuriante. Plus qu’une reconstitution historique, ce qui intéresse Arthur Harari, c’est le film d’aventure. Les pluies sont diluviennes, la boue et la saleté s’incrustent dans chaque recoin de l’image. L’expérience est sensorielle, et l’on s’agrippe au plus près des visages comme pour scruter les derniers restes de l’humanité, mise à rude épreuve par la violence et une nature impitoyable.
Car Onoda est avant tout une odyssée humaine. Celle d’un soldat à qui l’on interdit de mourir, et qui pourtant sème la mort partout où il passe, ayant vécu pendant plus de trente ans dans la haine de l’autre. Plus qu’en soldat, c’est en colon qu’Onoda investit l’île de Lubang, ce qui interroge sur sa nature héroïque. Sa loyauté infaillible envers sa mission, et par extension le Japon, le dépossède malgré lui de son humanité, et le transforme en un produit de la guerre. Mais l’amitié qu’il noue avec sa troupe, lui permet de poser un regard nouveau sur le monde qui l’entoure, et de recouvrer enfin une sérénité.
Avec Onoda, 10 000 nuits dans la jungle, Arthur Harari offre un second long-métrage particulièrement ambitieux, qui interroge avec force l’héroïsme et l’humanité.
Bande-annonce
14 juillet 2021 – De Arthur Harari, avec Yûya Endô, Yuya Matsuura, Shinsuke Kato
Film d’ouverture Un Certain Regard