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PARTHENOPE

La vie de Parthénope de sa naissance dans les années 1950 à nos jours. Une épopée féminine dépourvue d’héroïsme mais éprise de liberté, de Naples, et d’amour. Les amours vraies, indicibles ou sans lendemain qui vous condamnent à la douleur mais qui vous font recommencer. Le parfait été à Capri d’une jeunesse insouciante malgré un horizon sans issue.

Critique du film

Depuis 2013 et la Grande Bellezza, Paolo Sorrentino est un auteur qui divise, entre partisans de sa poésie visuelle et réfractaires à un style très emphatique et parfois un peu lourd dans sa démonstration. Parthenope s’inscrit dans ce sillon, le cinéaste recréant toute une vie de femme de sa naissance à la fin de sa carrière professionnelle, traversant le XXe siècle depuis les années 1950. La première heure du film est époustouflante en tous points de vue. Sorrentino déploie toutes ses qualités formelles pour représenter à la fois son personnage principal, mais aussi pour mettre en valeur la ville de Naples à qui il fait une déclaration d’amour sans limites. Ce premier temps du film est un geyser d’émotions où on peut se gorger de soleil, d’amours libres, dans un été qui ne semble ne jamais devoir s’arrêter ou se tarir dans les fruits qu’ils délivrent à ceux qui en ont besoin. Cette luxuriance, bien plus qu’une afféterie gratuite et sans but, est un ravissement permanent, presque un envoûtement des sens transmis par la caméra.

La suite de cette proposition démontre malheureusement qu’il faut plus qu’un premier acte somptueux pour réussir un film dans son entièreté. Si Sorrentino déclare vouloir raconter une vie sans héroïsme ni faits de gloire retentissant, il oublie peut être par la même occasion de relancer sa machine narrative et de dynamiser une histoire qui ne sait plus trop ce qu’elle a à nous raconter au-delà de ce charme solaire de ses prémisses. Le film s’étend, dans une longueur qui devient un préjudice, tellement on a du mal à comprendre ce que devient Parthenope, entre projets universitaires, amours étranges avec un homme d’Eglise, et disparition inopinée de certains personnage pourtant centraux. Les nombreux fils déployés s’emmêlent jusqu’à n’y plus rien comprendre, empêtrés dans des symbolismes brouillons qui rappellent les pires heures de Youth (2015), un des précédents longs métrages du réalisateur italien.

Un autre problème de Parthenope est le déséquilibre narratif qui entoure le cadre temporel de l’histoire. Sorrentino passe énormément de temps à regarder la sublime Celeste della Porta, quitte à dilater la trame autour de ses jeunes années. Ce portrait aurait mérité de laisser une plus grande place à Stefania Sandrelli, incarnation sexagénaire de Parthenope, seulement présente en toute fin de film. Le contre-point qu’elle apporte et la grande sensibilité de son jeu auraient pourtant permis à l’histoire de se relancer, tellement elle installe quelque chose de différent dans un autre registre de jeu moins fondé sur la plastique et l’aspect un peu factice du cadre développé, et plus centré sur l’émotion. Tout ceci représente un regret et une limite importante à l’appréciation globale du film.

Parthenope

Il y avait pourtant tous les ingrédients à disposition pour réaliser une fresque magnifique autour de cette petite troupe de personnages, dont certains, notamment le frère disparu trop tôt, aurait mérité une attention plus soutenue, en soutien d’un personnage principal parfois un peu seul au centre des scènes. Malgré ces regrets et ces manques, il est impossible d’occulter la splendeur visuelle et l’effet dévastateur des premières minutes qui seront pour toujours imprimées dans nos souvenirs. En chantant son amour pour la côte napolitaine, Paolo Sorrentino délivre une merveille plastique qui constitue un paroxysme de beauté, dont Parthenope n’est qu’une illustration parmi d’autres tellement tout est beau et exalté, baignant dans un paradis de lumière que rien ne vient obscurcir. Il est d’autant plus dommage que le projet ne soit pas plus abouti, et que ces très belles intentions, un portrait de femme qui ne souffrirait pas d’un romanesque poisseux et rance, ne trouvent pas leur chemin jusqu’à la ligne d’arrivée.


De Paolo Sorrentino, avec Celeste Dalla Porta, Stefania Sandrelli et Gary Oldman..


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