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PETITE MAMAN

Nelly a huit ans et vient de perdre sa grand-mère. Elle part avec ses parents vider la maison d’enfance de sa mère, Marion. Nelly est heureuse d’explorer cette maison et les bois qui l’entourent où sa mère construisait une cabane. Un matin la tristesse pousse sa mère à partir. C’est là que Nelly rencontre une petite fille dans les bois. Elle construit une cabane, elle a son âge et elle s’appelle Marion. C’est sa petite maman.

Critique du film

En quelques années, Céline Sciamma s’est imposée comme une réalisatrice incontournable du cinéma français contemporain, avec des œuvres marquantes comme Naissance des pieuvres (2007), Tomboy (2011) ou encore Portrait de la jeune fille en feu (2019), qui traitent toutes à leur manière et avec finesse de l’identité, de l’intimité et des relations humaines. Avec Petite maman (2021), Sciamma effectue un virage surprenant en optant pour un cinéma plus minimaliste et fantastique. Ce nouveau film, qui touche à la fois les univers de l’enfance, de la mémoire et des liens familiaux, se distingue par sa simplicité apparente et sa capacité à capturer l’essence d’un conte tout en restant profondément ancré dans les réalités émotionnelles.

Petite maman raconte l’histoire de Nelly, une fillette qui vient de perdre sa grand-mère et passe l’été dans la maison de famille de sa mère, Marion. En arpentant la forêt environnante, Nelly rencontre une autre enfant de son âge, qui se révèle être… sa propre mère, mais lorsqu’elle était enfant. À travers cette rencontre magique amenée sans fioritures, Sciamma offre un regard inédit sur les dynamiques complexes entre mère et fille.

Le fantastique, ici, est utilisé de manière parcimonieuse, presque éthérée, et c’est dans ce cadre qu’apparaît l’essence du film : un conte tout en douceur, mais d’une profondeur infinie, qui touchera aussi bien les enfants que les adultes. Son usage n’est jamais envahissant ni spectaculaire, mais pourra plutôt être perçu comme une porte ouverte sur l’imaginaire, un moyen délicat de naviguer dans l’intimité et la mémoire d’une famille. Comme un moment suspendu, où les frontières entre le réel et l’irréel sont floues, il ne bascule jamais complètement dans le merveilleux, au sens traditionnel du terme. Cette approche subtile du fantastique, qui émerge à peine mais qui s’impose progressivement, nous invite à revisiter nos souvenirs et questionner le lien entre les générations, offrant un regard sensible sur la maternité.

Petite maman

Si Petite maman s’inscrit dans la continuité du travail de Sciamma, il dispose d’une touche de légèreté qui le rend plus accessible au jeune public, avec ses scènes d’une simplicité désarmante, tout en conservant une profondeur et une richesse qui résonneront particulièrement pour les adultes. Le film se place donc à la croisée des âges, un territoire où les souvenirs, les blessures et les liens familiaux peuvent se transformer, se raconter et se comprendre de manière douce et fluide. Chaque geste et chaque instant partagé entre les personnages semblent posséder un sens, une résonance particulière qui enrichit l’expérience émotionnelle du film.

Les performances des jeunes actrices, Joséphine et Gabrielle Sanz, dans les rôles de Nelly et de la petite Marion, sont remarquables de naturel, s’inscrivant parfaitement dans cette atmosphère particulière, presque intemporelle, où l’on croit immédiatement à cette relation mère-fille, avant même de comprendre toute la portée du récit. En interrogeant la mémoire, la filiation et les souvenirs avec cette simplicité poétique saupoudrée de fantastique, Céline Sciamma rejoue les mécanismes invisibles du temps et des liens familiaux, les confrontant à la réalité du présent, et Petite maman vient rappeler que la mémoire est un terrain malléable, où les souvenirs peuvent se superposer et, parfois, se redécouvrir. Une invitation à la douceur, à la réflexion et à la reconnexion avec nos racines, autant qu’un hommage vibrant au pouvoir de la fiction, capable de nous faire voyager à travers le temps et les émotions.

Bande-annonce

2 juin 2021 – De Céline Sciamma

Avec Joséphine SanzGabrielle SanzNina Meurisse


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