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PICTURE MOMMY DEAD

Après quelques années d’internement, la jeune Susan Shelley revient vivre avec son père et sa belle-mère dans le domaine familial où sa mère mourut devant ses yeux.

Critique du film

Dans la continuité de l’hommage rendu à Bert I. Gordon, l’Étrange Festival a inclus dans sa sélection ce thriller psychologique de 1966 qui malgré une ambition classique frôle souvent le joli nanar. Ici, pas de monstres géants, marque de fabrique du réalisateur, mais plutôt un drame se muant peu à peu en un épisode d’Amour, Gloire et Beauté aux faux airs Hitchcockiens. Et encore, faux airs n’est peut-être pas un terme adéquat, il s’agit plutôt d’un Hitchcock version Canada Dry.

En effet, ça a les couleurs d’un Hitchcock, ça en a le décor, la blondeur et les manigances mais non, ça n’est pas un Hitchcock. Gordon va même jusqu’à donner à ses actrices les attributs des héroïnes de ce bon vieux Alfred, arborant jusqu’à un point troublant les mêmes attributs capillaires et vestimentaires que Tippi Hedren dans Les Oiseaux et Kim Novak dans Vertigo. À ce stade, cela ressemble à un aveux. Une fois qu’on a intégré cela, ça n’est pas déplaisant à voir, c’est même parfois très drôle. Surtout quand on ajoute la présence de l’excentrique Zsa Zsa Gabor, présence phantomatique hantant l’immense manoir de son aura toujours palpable (coucou Rebecca). Son personnage, la riche et mondaine Jessica Shelley est retrouvée morte dans sa belle demeure cossue.


Après trois ans passés dans une institution psychiatrique à la suite du drame, sa fille Susan réintègre la maison familiale. Accueillie par son père, entre-temps remarié à l’ancienne gouvernante de Susan, elle apprend qu’un solide héritage l’attend à ses 25 ans. Le butin sera bientôt convoité par l’entourage de l’enfant qui, de son côté, ne cesse de revivre le traumatisme de la mort de sa mère.

Si le traitement ne se veut pas comique, il est difficile de prendre le film au sérieux. On pourrait mettre ce sentiment sur le dos du scénario, qui a pris un sacré coup de vieux, tout comme le côté gênant de voir une jeune femme formée jouer une fillette, qui plus est quand l’actrice en question n’est autre que la fille de Gordon et que son personnage développe une fascination pour son papa. Malheureusement, il semble que notre époque et l’épreuve du temps ne sont pas les seuls responsables de cette réception manquée. En effet, lors de la présentation de la séance, on a appris que Picture Mommy Dead a été un échec cuisant au box-office lors de sa sortie.

Alors certes, le but n’était peut-être pas de faire un film comique, mais mieux vaut avoir une postérité de quasi-nanar que pas de postérité du tout.


De Bert I.Gordon, avec Don Ameche, Martha Hyer et Zsa Zsa Gabor.


l’Étrange festival 2023