PLUS QUE JAMAIS
Hélène et Mathieu sont heureux ensemble depuis de nombreuses années. Le lien qui les unit est profond. Confrontée à une décision existentielle, Hélène part seule en Norvège pour chercher la paix et éprouver la force de leur amour.
Critique du film
Comment réagir face à un terrible verdict ? Comment se comporter avec un proche dont l’existence en mise en suspend, avec cette épée de Damoclès qui menace, silencieusement ? Comment gérer les regards emplis de compassion, de chagrin et/ou de malaise de la famille et des amis, alors qu’il faut soi-même faire le deuil d’une vie qui s’échappe et s’approche fatalement et précocement d’une issue tragique ?
Atteinte d’un cancer du poumon, Hélène doit faire face à ces questionnements éprouvants, elle qui a de grandes chances de succomber à cette maladie rare qui l’afflige, avec comme seul espoir l’attente d’une greffe qui pourrait hypothétiquement lui offrir le salut qu’elle n’ose espérer. Ne trouvant pas l’espace pour exprimer ses sentiments, ses peurs, ses angoisses, face à un compagnon qui s’accroche à ce maigre espoir de guérison, la jeune quadragénaire décide de prendre le large et de retrouver en Norvège un compagnon d’infortune, qui lui offre le gîte pour s’oxygéner et appréhender à sa façon sa fin de vie.
« Les vivants ne peuvent pas comprendre les mourants »
Car, de toute façon, comme on lui fait remarquer maladroitement, Hélène est là mais c’est comme si elle n’était déjà plus là. Alors à quoi bon ? Pourquoi rester et faire face aux inquiétudes et à la pitié ? Embrassant son besoin d’espace et d’entreprendre quelque chose qu’elle désire pour elle-même, elle s’autorise un choix égoïste, qu’elle obtienne ou non le soutien de son compagnon, Mathieu. Elle fait ses valises et embarque pour la Norvège, tant qu’elle en est encore capable.
Au coeur des fjords, de ces grandes étendues d’eau et de ces massifs à perte de vue, elle profite enfin d’une pause régénérante. Loin de la civilisation, de l’agitation urbaine et des réseaux de télécommunication, elle profite enfin d’une bouffée d’air pur. Métaphorique. Car la fibrose pulmonaire qui l’affaiblit menace dangereusement ses capacités respiratoires, se rappelant à elle régulièrement dès qu’elle entreprend le moindre exercice physique.
Avec Plus que jamais, Emily Atef livre un récit délicat et poétique sur l’acceptation, porté par l’interprétation sensible de Vicky Krieps et Gaspard Ulliel, illustrant sans excès de sentimentalisme et de pathos le cheminement de leurs personnages. La cinéaste a l’intelligence de faire confiance à sa direction d’acteurs, à leurs regards et leurs silences, ainsi qu’à sa narration, qui ne cherche jamais à forcer l’émotion, pour raconter le parcours d’une femme vers la reprise en main de son destin et nourrir la réflexion et l’empathie, en dépit de la cruauté et de l’injustice, pour nous accompagner sur le chemin des adieux et de l’apaisement jusqu’à un touchant final doublement métaphorique.
Bande-annonce
16 novembre 2022 – D’Emily Atef, avec Vicky Krieps, Gaspard Ulliel, Bjorn Floberg