POMPEI
Dans une région désertée, Victor et son petit frère Jimmy sont livrés à eux-mêmes. Dans la chaleur de l’été, ils tuent le temps comme ils peuvent avec d’autres jeunes de leur âge. Ils forment une bande soudée qui s’est inventée ses propres codes. Mais quand Billie, une jeune fille révoltée, entre dans la vie de Victor, l’équilibre du groupe va peu à peu se rompre et la vie de Jimmy radicalement changer.
Critique du film
Premier film du duo formé par la Française Anna Falguères et le Belgo-Américain John Shank, Pompei s’est vu prendre part à la cuvée 2019 du Festival international du film de Toronto (TIFF). Il s’appuie sur un casting de jeunes acteurs prometteurs, notamment Garance Marillier, la révélation du film d’horreur Grave sorti en 2016.
Dès ses premiers plans, Pompei s’attache à convoquer une certaine imagerie du cinéma américain, à rapprocher du western : ses personnages dérivent dans de vastes paysages minéraux et désolés, écrasés sous un soleil de plomb, dont aucun indice visible n’évoque un emplacement géographique ou un contexte historique précis. Cette ambition esthétique est servie par une photographie efficace qui, en plus de rendre parfaitement compte de l’immensité situationnelle, montre un soin tout particulier apporté aux corps et les dote d’une sensualité de bon aloi. Celle-ci en vient à influer sur la composition des plans naturels, où les couchers de soleil rosissent le ciel et les cœurs.
Tels des archéologues d’un genre nouveau, les deux réalisateurs s’attachent à déterrer d’anciens mythes cinématographiques (le bad boy à la virilité énigmatique, la jeune femme en quête de sentimentalité) pour les confronter à des considérations métaphysiques et étudier le résultat de ce croisement pour le moins atypique. La rencontre de ces deux êtres à peine sortis de l’adolescence, isolés du reste de la civilisation et désireux d‘un changement existentiel n’est pas sans rappeler le Zabriskie Point d’Antonioni.
Quelque peu obnubilé par son potentiel plastique et ses aspirations symboliques, Pompei en vient néanmoins à négliger l’histoire qu’il s’essaie à raconter. On pourrait ainsi reprocher au film son scénario abstrait à l’extrême, des protagonistes insuffisamment caractérisés et souvent antipathiques, malgré certaines scènes où Garance Marillier témoigne d’une belle intensité, des dialogues à l’utilité toute relative et qui n’évitent pas le ridicule.
Plus problématique encore, Pompei ne semble pas savoir sur quel pied danser : s’il veut être un film d’ambiance, à la fois contemplatif et divagant, son montage elliptique ne laisse pas le temps à cette atmosphère lourde et crépusculaire de s’installer convenablement, en dépit d’une bande originale convaincante. En confiant à leur film un trop plein de significations, dont on se doute qu’elles ont été mûrement pensées, les réalisateurs en ont oublié de le rendre sensible et vibrant pour le spectateur.
Bande-annonce
26 août 2020 – De John Shank, Anna Falguères, avec Garance Marillier, Aliocha Schneider