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QUELQUES JOURS PAS PLUS

Arthur Berthier, critique rock relégué aux informations générales après avoir saccagé une chambre d’hôtel, découvre que le journalisme est un sport de combat. Envoyé à l’hôpital par un CRS en couvrant l’évacuation d’un camp de migrants, il tombe sous le charme de Mathilde, la responsable de l’association Solidarité Exilés et accepte, pour quelques jours croit-il, d’héberger Daoud, un jeune Afghan.

Critique du film

Pour son premier long-métrage, la réalisatrice Julie Navarro a choisi d’adapter un des romans de son compagnon, Marc Salbert : De l’influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire. On rentre très vite dans le vif du sujet : Arthur – Benjamin Biolay -, critique rock assez borderline, est convoqué par son rédacteur-en-chef Hippolyte Girardot qui lui reproche des dégâts coûteux causés dans un hôtel après un concert et lui confie des reportages à priori moins glamour et moins risqués pour la réputation et la trésorerie de la rédaction. Lors d’un reportage sur l’évacuation d’un camp de migrants, Arthur fait la connaissance de Mathilde – Camille Cottin – qui s’investit dans une association venant en aide aux migrants. 

Arthur, au départ plus travaillé par ses pulsions et ses addictions que par la fibre humanitaire et sociale, aimerait se rapprocher de Mathilde. De fil en aiguille, il en arrive à accepter d’héberger, au départ très provisoirement, un réfugié afghan, Daoud – Amrullah Safi – dans l’appartement qu’il occupait jusqu’ici tout seul, ou en compagnie de sa fille dont il a la garde alternée. 

Quelques jours pas plus séduit assez rapidement par son refus de la simplification, sa distribution et son humour. Il s’agit d’une comédie humaniste et fine, mais qui ne fait pas l’impasse sur la fatigue, la lassitude de celles et ceux qui s’investissent des le milieu associatif. Au contraire, Julie Navarro pose un regard contrasté sur les membres de l’association à laquelle appartient Mathilde ; certains sont plus résignés que d’autres, ou plus lucides et des tensions peuvent apparaître et fissurer l’entente entre les personnes, mettre à mal la cohésion. 

Quelques jours pas plus

Benjamin Biolay apparaît ici comme une espèce d’ours mal léché, maniaque avec sa collection de vinyles, facilement irritable et peut-être profiteur et hypocrite dans certaines occasions. Pas forcément motivé par l’empathie quand il accepte d’héberger Daoud, Arthur va évoluer, connaître un cheminement intérieur. Lui, dont on se demande s’il est capable d’entretenir un lien à la fois sincère et adulte, change sa façon de voir les choses et les êtres. Et surtout ne se cantonne pas à des paroles en l’air. On ne sait pas si ce changement sera durable, mais cette rencontre avec Daoud contribue à lui façonner une nouvelle existence. Camille Cottin fait montre d’une fragilité émouvante, dans un rôle de femme investie mais à l’enthousiasme érodé et prête à baisser les bras. Quant à Amrullah Safi, acteur non professionnel, il se montre particulièrement touchant en homme marqué par le destin, mais à la volonté inflexible et à la maturité d’esprit remarquable, même lorsqu’il est confronté à la bêtise et à la méchanceté d’élèves à qui il explique son parcours incroyable.

On évite l’angélisme avec cette comédie ironique, qui a remporté le Swan d’Or du premier film au Festival de Cabourg et qui a malheureusement été la cible de très violentes attaques peu de temps après sa sortie au cinéma.  En effet, des internautes ont laissé quantité de commentaires insultants sur le site du film et sa page Facebook. Des centaines de commentaires haineux et racistes ont dû être retirés, entraînant un communiqué de la Société des Réalisatrices et Réalisateurs de Films. Ces messages ciblaient effectivement avec rage ce film, qui parle de solidarité envers les migrants, bien souvent sans l’avoir vu. L’évocation sensible, positive et humaniste de la question des migrants et de leur accueil avait déplu et l’idée même qu’un tel long-métrage pût exister avait suscité une haine incompréhensible et des posts xénophobes inadmissibles.   

Comédie romantique et film social au sens noble du terme, Quelques jours pas plus doit beaucoup de son charme à ses personnages attachants, imparfaits mais profondément humains et tendres. 


Disponible en VOD et en DVD édité par M6 Vidéo depuis le 7 août

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