QUIET LIFE
Suède, 2018. Un syndrome mystérieux affecte les enfants réfugiés. Dans l’espoir d’une vie meilleure, Sergei, Natalia et leurs deux filles ont été contraints de fuir leur pays natal. Malgré tous leurs efforts pour s’intégrer et incarner la famille modèle, leur demande d’asile est rejetée. Soudainement, Katja, leur plus jeune fille, s’effondre et tombe dans le coma. Ils vont alors se battre, jusqu’à l’impensable, pour que leur fille puisse se réveiller… Inspiré de faits réels.
Critique du film
Quand il découvre le «syndrome de résignation» dans un article du New Yorker, Alexandros Avranas devient obsédé par ce phénomène au point de vouloir l’évoquer dans une fiction. Bien qu’il touche des centaines d’enfants suédois depuis deux décennies, il a fallu presque autant de temps pour que l’on découvre cette affliction. Le cinéaste y voit alors l’opportunité d’aborder par ce récit des enjeux plus larges, comme le contrôle exercé par les états sur les individus, et de soulever des questions majeures : quel type de société laisserons-nous à nos enfants ? Pour quoi doit-on se battre et qu’est-ce qui fait encore sens ?
Quiet life raconte un destin parmi tant d’autres, celui de Sergei et Natalia, un couple qui voit sa demande d’asile rejetée avant que leur fille cadette, Katja, ne tombe dans le coma et qu’on leur annonce qu’elle est atteinte par ce syndrome de résignation, un état de désespoir tel que le cerveau semble envoyer un signal au corps de se mettre en état de veille totale. Cette pathologie place la famille dans une situation presque impossible, alors qu’ils cherchaient simplement à se bâtir une nouvelle vie après avoir fui leur pays d’origine où, en tant qu’opposants politiques, leur existence était en jeu.
Entre le documentaire et le conte dystopique, filmé avec une caméra fixe, Quiet life adopte une mise en scène clinique qui vient contraster avec la cruauté de la situation dans laquelle se retrouve cette famille ordinaire qui n’aspire qu’à se reconstruire et écrire une nouvelle page sur cette terre d’accueil bien moins hospitalière qu’elle n’y paraissait. Si le sujet interpelle, comme les enjeux qu’il soulève, ses éléments satiriques ne se marient pas toujours bien avec l’approche documentaire.
Il n’en demeure pas moins que Quiet life pose un regard éloquent sur la rapidité avec laquelle nos sociétés occidentales peuvent traiter d’autres êtres humains, parées derrière une bureaucratie et des règles implacables, même lorsque le sort d’enfants est en jeu. Quand les systèmes ne protègent plus les plus vulnérables et font preuve d’autant de manque d’empathie, qu’attendons-nous pour réécrire les règles collectivement ?
Bande-annonce
1er janvier 2025 – D’Alexandros Avranas, avec Chulpan Khamatova, Grigoriy Dobrygin, Naomi Lamp