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RAMBO : LAST BLOOD

La fiche

Réalisé par Adrian Grunberg – Avec Sylvester Stallone, Paz Vega, Sergio Peris-Mencheta – Action – Etats-Unis – 25 septembre 2019 – 1h40

Retiré depuis dix ans au Texas, John Rambo gère désormais le vieux ranch familial, où il vit avec sa belle-soeur et Gabrielle, sa nièce adorée, abandonnée par son père. Voulant demander des comptes au paternel, la jeune femme décide de se rendre au Mexique, mais son voyage vire au cauchemar : trahie par son amie, elle est ensuite droguée puis vendue comme prostituée à un cartel, ce qui éveillera la fureur guerrière de son oncle…

La critique du film

Le ton est donné dès la première séquence : un in medias res illisible expédié en moins de deux, nous secouant comme il peut à l’aide d’un montage épileptique et de CGI fauchés. Le film laisse à peine le temps d’apprécier le retour d’un Rambo en mode cowboy qu’il s’embourbe déjà dans sa démesure cheap, gratuite et boursouflée.

Par la suite, Rambo – Last Blood alternera entre deux styles : d’un côté, il y a celui des scènes d’action, de la même nature que celui que l’on perçoit dans la séquence d’introduction (relire le paragraphe précédent – ndlr), de l’autre, il y a celui des scènes plus calmes, dont la platitude (essentiellement des champs/contre-champs en plan rapproché taille ou épaule) peut être prise comme un temps de repos. Les deux catégories sont poreuses : parfois on « prend le temps » (pas plus de deux secondes) de montrer les fulgurances gores d’un Sly bien énervé – il ne prend plus ses cachets.

On pourrait y trouver une forme de plaisir stupide, notamment du fait que l’essentiel de la violence dans le film relève d’une barbarie bigger than life et souvent inutile. C’est parfois le cas, mais le film, dans sa fascination (sans doute subie, du fait de son budget) pour les jets de sang et les têtes coupées numériquement, n’offre presque jamais la satisfaction d’un quelconque effet gore pratique. Et lorsqu’arrive enfin la séquence où l’attirail de pièges et d’armes du héros se déchaîne sur les mexicains en mode boucherie-charcuterie, le tout est bien évidemment expédié en une dizaine de minutes. La jouissance est donc toute mince, en plus d’être politiquement problématique.

Down in Mexico…

Des cartels et des prostituées. Voilà, en gros, la représentation du Mexique proposée par le film. Un pays où la police ne peut rien (pire, elle est complice des réseaux de proxénétisme, acceptant de garder le silence en échange d’un paiement en nature), représentation infernale d’un monde où l’auto-justice relève de l’évidence. On est d’abord scandalisé par ce qu’on voit, puis finalement on rit, dans la mesure où Last Blood ne semble même pas avoir conscience de son propre racisme.

Le film prend alors le parti de la violence cathartique, comme si tout cela relevait de l’évidence, sans jamais questionner l’outrance barbare et la possible folie de son personnage principal. Rambo n’est plus un soldat hanté par la violence comme seule issue existentielle, mais une coquille vide, qui ne se définit que par le pur présent de son impulsivité vengeresse. 

Au milieu de tout cela, il reste tout de même le visage buriné de Sylvester Stallone, seule manifestation visuelle d’une quelconque profondeur crépusculaire. Son regard dur témoigne d’une forme de détresse, perdu au milieu d’un film qui n’a pas lieu d’être, et se débattant comme il peut pour donner du sens au vide. C’est touchant, au premier degré. 



Bande-annonce

Au cinéma le 25 septembre 2019