RÉPÉTITION GÉNÉRALE
Le personnel excentrique d’un théâtre délabré dans le nord de l’État de New York tente de maintenir le camp à flot après que la propriétaire soit tombée dans le coma juste avant la session d’été.
CRITIQUE DU FILM
Alors que la 29e édition de Chéries Chéris, le festival parisien du film LGBTQI & +++, battait son plein, l’une des séances événements de la programmation 2023 a plongé le public dans une euphorie communicative. Répétition générale, premier long-métrage de Molly Gordon et Nick Lieberman récompensé à Sundance, se révèle être un remède particulièrement efficace contre la monotonie de novembre.
Temple du kitsch et de l’art dramatique
Répétition générale, dont le titre original Theater camp est, comme souvent, bien plus évocateur, nous plonge dans une colonie de vacances située dans le nord de l’État de New-York et entièrement dédiée à l’apprentissage de la comédie musicale. Lorsque l’iconique et populaire fondatrice du camp, Joan, tombe dans le coma, c’est la panique. Aux côtés d’une équipe de professeurs excentriques et passionnés, Troy, son fils immature et complètement étranger à l’univers de l’art dramatique va tenter de garder le lieu en vie.
On entre dans ce mockumentaire comme Troy dans le camp de théâtre : devant nous, des enfants fans de Liza Minelli envisagent la scène comme une deuxième maison. Amateurs de comédies musicales ou non, nous voici projetés dans le quotidien sans queue ni tête d’artistes en herbe et de leurs mentors hauts en couleur. Dans Répétition générale, les gags s’enchaînent dans un rythme effréné, porté par l’énergie collective de son casting. Mené de front par le duo comique de professeurs et metteurs en scène formé par Molly Gordon et Ben Platt, le long-métrage peut aussi compter sur le talent de ses interprètes, comme le surprenant Noah Galvin.
Safe place
Si l’on pense par moments à Glee, voire à High School Musical, Répétition générale s’émancipe des récits d’apprentissage de comédie musicale américains, sucrés à souhait. Ce theater camp est un endroit fascinant, queer et décomplexé où l’on est incité à être soi dès le plus jeune âge. L’exagération, le kitsch et le grotesque y servent l’épanouissement artistique. Entre satire et hommage, Répétition générale s’amuse autant des artistes que de ceux qui refusent de s’ouvrir à la folie créatrice. Molly Gordon et Nick Lieberman livrent ainsi une comédie généreuse et profondément feel-good qui donnera à plus d’un la nostalgie ou l’envie de (re)découvrir la sensation de liberté que procure la scène.