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REQUIEM POUR UN MASSACRE

En 1943, en Biélorussie, un jeune villageois, Fliora, déterre le fusil d’un soldat mort et s’engage chez les partisans contre l’envahisseur allemand. Avec l’énergie et l’idéalisme d’un enfant, il plonge dans l’horreur d’un monde qui dépasse les adultes eux-mêmes. Entre errance et combat, Fliora devient le témoin de toutes les horreurs de la guerre.

Devoir de mémoire

Né en 1933, Elem Klimov a fait l’expérience traumatisante de la guerre et des bombardements allemands en Russie. Son film Requiem pour un massacre est l’adaptation d’un roman autobiographique d’Aless Adamovich (l’auteur participa à cette adaptation), à laquelle s’ajoute les propres souvenirs du réalisateur.

Il s’agit de l’odyssée cauchemardesque d’un jeune homme à travers la guerre. Le film est une expérience visuelle et sonore éprouvante, par la dureté des images, le travail sur le son et les visages hallucinés et d’une expressivité époustouflante. Les plans sont composés comme des tableaux, les mouvements de caméra, très fluides, nous font pénétrer presque physiquement dans l’histoire. Le travail du chef opérateur Aleksei Rodionov transfigure aussi bien les paysages biélorusses que les « gueules » des protagonistes. L’intensité du jeu des comédiens et des figurants est magnifiée par ce travail, mais également par une direction d’acteurs hors norme et l’implication des artistes dans leurs rôles est totale.

À couper le souffle

L’acteur principal, Aleksei Kravchenko, est arrivé au cinéma par hasard. Il avait 14 ans à l’époque et accompagnait un ami au casting du film. Elem Klimov le repéra et lui offrit le rôle après lui avoir fait passé des essais et l’avoir bien observé. Après avoir montré des scènes de camps d’extermination à plusieurs candidats, Aleksei Kravchenko fut le seul à refuser le thé et les gâteaux qu’on lui offrait. Celui qui était alors un adolescent, et qui fit carrière par la suite, est extraordinaire dans le film. Il offre une interprétation vraiment exceptionnelle. Elem Klimov fit d’ailleurs appel à un hypnotiseur pour préserver Aleksei de la dureté du tournage. Celui-ci eut lieu dans une zone protégée, la réserve naturelle de Bérézinski, dans laquelle on ne pouvait pénétrer que sur autorisation. Les conditions  y furent éprouvantes et Elem Klimov fut le seul à ne pas en sortir durant les plusieurs mois de tournage.

Requiem pour un massacre est un film qui ne ressemble à aucun autre, un film de guerre hors du commun. Elem Klimov sentait l’urgence de prévenir le monde de ce qu’est réellement une guerre, car il craignait l’imminence d’un troisième conflit mondial. De cette peur est née une œuvre d’art, un des plus grands films jamais tournés. Un devoir de mémoire, un avertissement et un film à couper le souffle.


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Requiem pour un massacre ressort ce 17 septembre en version restaurée 2K dans une superbe édition vidéo concoctée par Potemkine films.