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SANS RÉPIT

Alors qu’il fait l’objet d’une enquête pour corruption, le lieutenant Thomas Blin doit se rendre en pleine nuit aux funérailles de sa mère. En voulant éviter un chien sur le route, il percute accidentellement un homme et le tue sur le coup. Paniqué, il décide de cacher le corps. Croyant être tiré d’affaires, il se retrouve embarqué dans une spirale infernale, quand l’enquête sur l’individu disparu est confiée à un de ses collègues, et qu’un mystérieux témoin tente de le faire chanter… 

Critique du film

Une mauvaise journée peut être la pire chose pour un personnage de fiction mais également un bonheur pour un public avide de sensations fortes. Une mauvaise journée où l’on passe le réveillon de Noël coincé dans un hôtel pris en otage par Alan Rickman et sa bande, une mauvaise journée qui peut aussi se répéter à l’infini, comme dans Un Jour Sans Fin, ou son pendant slasher Happy Birthdead. Une mauvaise journée, c’est ce qu’a eu le détective Ko Gun-su dans un thriller coréen remarqué il y a sept ans qui porte bien son titre : Hard Day de Kim Seong-hun.

On y suit donc un détective corrompu qui va accumuler les pires choses possibles en un laps de temps très réduit. Il sera confronté à la perte de sa mère, à une inspection à son travail par les affaires internes et alors qu’il est sur le chemin pour régler cette dernière situation : il percute un individu surgissant sur la route. Cette accumulation, présentée dès les premières minutes de l’intrigue, va alors déclencher une succession divertissante de péripéties qui va mettre à mal les certitudes de l’anti-héros que nous suivons ainsi que celles du spectateur. On devine alors les intentions de Régis Blondeau à vouloir transposer cette histoire dans le paysage français avec Sans Répit.

Directeur de la photographie d’œuvres souvent propres à la pastiche (Mais qui a tué Pamela Rose ? , Les Aventures de Philibert, Capitaine Puceau) et à l’adaptation (Gaston Lagaffe), il continue ici son travail de remodelage des oeuvres pour les mettre en images à sa façon. Raccourcissant le récit d’une vingtaine de minutes pour se recentrer sur l’action, Sans répit se focalise avec intensité sur la succession d’embûches que va devoir éviter son personnage principal. Ici, il est campé par Franck Gastambide et se nomme Thomas Blin. Le comédien aux multiples facettes, sachant alterner comédie potache et thriller vénère, se prête agréablement bien au rôle qu’il incarne. À mi-chemin entre la pathétisme par les situations auxquelles il va se retrouver (dont une mise-en-bière impitoyable…) et l’attachement par le background qui l’entoure, notre sympathie est donc mise à rude épreuve et c’est ce qui rend le visionnage de Sans Répit divertissant et imprévisible – à condition de ne pas avoir vu le film original.

Car Sans Répit n’est pas “sans limites”. Ne parvenant pas à s’extirper du film original, il propose une copie trop sérieuse pour être véritablement une adaptation. Soulignons néanmoins que Blondeau comprend le ludisme du film qu’il adapte. Reprenant les scènes-phares du film, il permet au spectateur néophyte de se prendre littéralement au jeu (il sera question de voiture télécommandée et de soldats en jouets…) et d’être captivé. Il prend également le soin de respecter les archétypes du matériau originel en composant bien son casting. On y retrouve Simon Abkarian en parfait bad-guy ainsi que Michaël Abiteboul, second couteau du cinéma français que l’on retrouve souvent (et comme ici) dans l’éternel side-kick. Une équipe solide, investie, qui donne alors corps et  âme au film.

Trop attaché à l’original, Sans Répit risque de ne pas intéresser ceux qui se souviennent de la première version. Son respect des rebondissements et du rythme permettront en revanche aux néophytes de profiter d’un divertissement solide. La question qui se pose maintenant est de savoir s’il était nécessaire de proposer une copie d’une œuvre étrangère pour raconter un récit palpitant en France ?

Bande-annonce

25 février 2022 (Netflix) – De Régis Blondeau, avec Franck GastambideSimon AbkarianMichaël Abiteboul