SEULE LA VIE
Amoureux depuis l’université, Will et Abby, deux jeunes New-yorkais, se marient. Alors qu’ils s’apprêtent à devenir parents, leur trajectoire se mêle à d’autres destins. Ceux de Dylan, jeune femme perturbée qui tente d’apaiser sa souffrance, d’Irwin, qui élève sa petite-fille dans un monde dangereux, de M. Saccione, riche propriétaire terrien espagnol, et de son intendant Javier, entouré de sa femme Isabelle et de leur fils Rodrigo.
Le narrateur non-fiable
Scénariste de Crazy stupid love et showrunner de la série à succès This is us, Dan Fogelman tente de reproduire l’exploit du récit choral avec Seule la vie, son second long-métrage en tant que réalisateur. Il livre ainsi une fresque croisant plusieurs destins face à de grandes épreuves ou instants de la vie : la rencontre amoureuse, le deuil, la maladie.
Orchestré autour de l’argument prononcé par le personnage d’Olivia Wilde, « le narrateur n’est pas fiable », Seule la vie est un indice quant à la vue d’ensemble que souhaite apporter Fogelman à son histoire. Une histoire racontée tient forcément de la subjectivité du narrateur, de son point de vue. Et seule la vie elle-même offre la véritable version. Arguant que celle-ci est imprévisible et que nul ne sait où elle nous conduira, le film prend toute sa légitimité autour de son titre.
En déconstruisant la chronologie et mêlant les points de vue, Fogelman articule son récit autour d’un événement clé tragique qui marquera les esprits de ses différents personnages. De cet élément narratif découlera l’impact sur les vies des différents protagonistes, exploitant le concept de son auteur par le développement de plusieurs arcs autour des personnages de Olivia Cooke, Mandy Patinkin, Antonio Banderas et Laia Costa.
Si les chapitres sont inégaux (certains segments passionnent plus que d’autres), Seule la vie offre quelques beaux moments – dont cette séquence décuplée où un grand-père évoque la mort avec sa petite-fille de sept ans. On regrettera en revanche un cheminement qui parait de plus en plus lisible pour conduire à un épilogue qu’il devient aisé d’anticiper. Et lorsque le film essaie, coûte que coûte, d’arracher une larme au spectateur, il est déjà trop tard. Et nul dialogue sur la vertu de l’amour comme ressort face à chaque épreuve de la vie ne permettra d’humidifier les yeux de son audience, la faute à ce finish au forceps qui déstabilise la belle sensibilité de l’ensemble et la composition de qualité de sa distribution.
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