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SHAUN LE MOUTON : LA FERME CONTRE-ATTAQUE

La fiche

Réalisé par Will Becher, Richard Phelan – Avec Justin Fletcher, John B. Sparkes, Amalia Vitale – Animation – Grande-Bretagne – 16 octobre 2019 – 1h30

Shaun Le Mouton revient dans une aventure intergalactique. Un vaisseau spatial s’est écrasé près de la ferme de Shaun. A son bord, une adorable et malicieuse petite créature, prénommée LU-LA. Avec ses pouvoirs surnaturels, son goût pour l’aventure, et ses rots venus d’un autre monde, elle est immédiatement adoptée par le troupeau. Mais lorsqu’une sombre organisation gouvernementale se lance à sa poursuite, bien décidée à capturer la petite alien, la ferme contre-attaque ! Shaun et le troupeau vont tout faire pour aider LU-LA à rentrer chez elle.

La critique du film

Un an après la sortie du très sympathique Cro Man, Les studios Aardman sont déjà de retour sur nos écrans avec la suite des aventures de Shaun le mouton, personnage créé par le génial Nick Park, et objet d’un premier long-métrage sorti en 2015. La ferme Aardman contre-attaque ?

Shaun et ses potes moutons cherchent toujours un moyen de se divertir à la Mossy Bottom Farm, en dépit des multiples interdictions posées par le chien Bitzer. Un jour, la soucoupe volante de Lu-La, une adorable petite créature extra-terrestre, atterrit en catastrophe près de la ferme. Shaun sympathise rapidement avec elle, et va mobiliser ses amis afin de l’aider à repartir vers sa planète d’origine. Ils vont devoir faire face aux agents d’une organisation secrète, bien décidés à capturer la créature.

Une déclaration d’amour à l’animation en volume

La grande force de Shaun le mouton : la ferme contre-attaque (qui était aussi celle du premier volet), c’est sa confiance absolue en l’image. Aucune parole n’est prononcée, seulement quelques petits cris et autres bêlements, dont la simple intonation suffit à préciser la caractérisation des personnages. Cette idée fait partie intégrante d’un langage burlesque hyper inventif, rendant aussi bien hommage à l’animation artisanale (nous y reviendrons) qu’à un certain pan de l’histoire du cinéma.

Ainsi, après le film d’évasion avec Chicken Run, ou le film d’horreur fantastique avec Wallace et Gromit : Le Mystère du lapin-garou, les studios Aardman se lancent ici dans le genre de la science-fiction, auquel ils font abondamment référence : Alien, 2001, Rencontre du Troisième Type, X-Files, E.T., H.G. Wells donnant son nom au garage « H.G. Wheels », ou bien encore Armageddon, qui donne au film son titre original : Farmaggedon. Jamais les réalisateurs (Will Becher et Richard Phelan) ne tombent dans la citation gratuite, car chaque référence correspond à une véritable idée de mise en scène. Presque toutes convergent vers un personnage : Lu-La.

Objectif laine !

Candide et espiègle, la créature incarne à elle seule toute l’authenticité de l’animation en volume, qui, dans le monde actuel du cinéma animé, ne constitue clairement pas la voie de la facilité. Au lieu de jeter ce savoir-faire à la poubelle en raison de son très long temps de production, le film le cajole, comme Lu-La avec son doudou. Tout est dit dans la séquence où Shaun et l’extra-terrestre s’enfuient de la ferme : au lieu de prendre un vélo flambant neuf (sublime référence à E.T.), les deux compères choisissent… une poubelle. Moins évident, mais plus rigolo. 

L’amour des animateurs pour leurs personnages se traduit justement par le choix de traiter l’animation comme un pur langage d’expression, d’ailleurs consubstantiel du septième art depuis ses origines. Cette langue habite la mise en scène, qui est mise au service d’un vrai discours sur l’art animé, écartelé entre un imaginaire dont l’artisanat reflète la profonde humanité, et un spectaculaire parfois évidé de toute magie car motivé par l’appât du gain. Cette seconde tendance est incarnée dans le film par le fermier, qui  transforme sa propriété en parc à thème spatial bidon, dont le prix d’entrée rappelle d’ailleurs la somme aujourd’hui déboursée pour aller voir certains films au cinéma…

Shaun le mouton : la ferme contre-attaque est une déclaration d’amour à l’animation en volume, dont la délicatesse et la drôlerie le hissent comme l’un des sommets des studios Aardman.



Bande-annonce

Au cinéma le 16 octobre 2019