SOLE
Le jeune Ermanno vit dans une Italie sans futur. Lena, 22 ans, enceinte, arrive tout juste de Pologne. Elle porte l’enfant que l’oncle d’Ermanno et sa femme adopteront à la naissance. Alors qu’il est chargé de veiller sur elle, Ermanno commence à s’attacher à Lena et à s’imaginer père de ce futur enfant.
Critique du film
Autour de la question de la gestation pour autrui, Sironi livre un drame intimiste, exercice de style périlleux qui voudrait dire sans montrer. Désamorçant patiemment toute ligne de tension le film finit hélas par laisser le spectateur exsangue.
Lena, jeune polonaise, cherche à rejoindre l’Allemagne. Elle fait escale en Italie, le temps d’une fin de grossesse sous surveillance. L’enfant a été monnayé quelques milliers d’euros à un couple stérile. Ermanno, neveu du futur père, est chargé de veiller et surveiller Lena jusqu’à l’accouchement. Le temps de quelques semaines, le film, tel un sismographe, enregistre les imperceptibles évolutions de ce couple factice. Carlo Sironi joue la carte du minimalisme. De rares dialogues ponctuent des scènes répétitives qui s’enchaînent dans une forme d’arythmie.
Corps sec et regard doux, Claudio Segaluscio se sort avec les honneurs d’un rôle difficile. Il réussit à faire vivre à la fois la résignation et une petite étincelle intérieure. De Sandra Drzymalska, on retient surtout la troublante ressemblance avec Elle Fanning dans une version éteinte et slave.
Le récit s’étire en longs temps faibles au cours desquels le spectateur a tout le temps de gamberger sur les destins potentiels des protagonistes. Il pourrait y avoir une certaine force à dire le moins pour laisser imaginer le plus. Ici l’état stationnaire du film finit par lasser. On se prend alors à imaginer ce qu’un tel sujet adviendrait chez les frères Dardenne. L’arrivée du bébé offre un léger sursaut et puis le scénario se dévitalise aussi vite qu’il s’était regonflé. Notre intérêt aussi.
Bande-annonce
9 septembre 2020 – De Carlo Sironi, avec Sandra Drzymalska, Claudio Segaluscio