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SPIDER-MAN : ACROSS THE SPIDER-VERSE

Après avoir retrouvé Gwen Stacy, Spider-Man, le sympathique héros originaire de Brooklyn, est catapulté à travers le Multivers, où il rencontre une équipe de Spider-Héros chargée d’en protéger l’existence. Mais lorsque les héros s’opposent sur la façon de gérer une nouvelle menace, Miles se retrouve confronté à eux et doit redéfinir ce que signifie être un héros afin de sauver les personnes qu’il aime le plus.

Critique du film

Frustration. C’est sans conteste le premier sentiment qui parcourt le spectateur lorsque le « à suivre » apparaît à l’écran. Puis vient l’émerveillement, l’impression d’avoir assisté à une œuvre novatrice. Cinq ans après Spider-Man: New Generation (Into the Spider-Verse en VO), les attentes autour de ce second opus des aventures de Miles Morales étaient immenses. Comment faire mieux que son prédécesseur, considéré comme un long-métrage révolutionnaire dans le monde de l’animation ? En proposant une suite encore plus folle. Plus audacieuse, plus sombre, plus drôle, qui repousse à nouveau les limites. Un pari qu’Across the Spider-Verse relève haut la main.

Avec ses vingt premières minutes centrées sur le personnage de Gwen Stacy, le long-métrage prend le spectateur à contrepied et offre, par la même occasion, le meilleur passage du film. Une ouverture qui ne laisse pas de place au doute : les animateurs de Sony Pictures Animation se sont de nouveau surpassés. Dans cet univers, les émotions des personnages sont exprimées par des couleurs pastels omniprésentes, des tâches d’aquarelles douces et paisibles. Dans le monde suivant, celui de Miles, on revient à un style plus abrupt, plus explosif et semblable au premier film, basé sur les bulles de comics pour illustrer les pensées du protagoniste. Dans un troisième univers, tout est fait de Lego. Dans un autre, les dessins ne sont que des esquisses. Où que l’on soit, le style et l’inventivité sont constamment renouvelés.

Une nouvelle révolution

Cette multiplication des styles pourrait laisser croire que l’histoire est mise de côté au profit d’une animation toujours plus renversante. Mais celle-ci n’a qu’un seul objectif : rendre le récit d’Across the Spider-Verse encore plus fort que celui de son prédécesseur. Miles Morales et Gwen Stacy, désormais élevée au rang de personnage central, sont de formidables protagonistes. Complexes et tiraillés, ils rappellent l’imperfection inhérente à Spider-Man, complètement mise de côté depuis l’incarnation de l’homme-araignée par Tom Holland.

Cinq ans plus tôt, New Generation et son personnage torturé avaient déjà inspiré d’autres studios : Le Chat Potté 2, entre autres, s’est servi de l’animation pour mettre en image la dépression et l’anxiété. Une fois encore, les équipes de Sony l’utilisent, notamment grâce à une profondeur renversante, parfois troublante, qui nous plonge dans le chaos de la tête de Miles. Ces différentes séquences avec « La Tâche », l’antagoniste principal, permettent à l’adolescent de Brooklyn d’être encore plus développé que dans le premier film.

Un adolescent dont les péripéties ne s’arrêtent jamais. Un jeune homme qui n’a plus de temps pour réfléchir, à qui l’on impose de respecter des règles qu’il s’efforce de combattre. C’est ici qu’Across the Spider-Verse trouve sa principale force : les scénaristes utilisent l’univers de l’homme-araignée pour en casser les codes. Le long-métrage n’explose pas seulement les limites du cinéma d’animation grand public, il révolutionne sa propre franchise. Spider-Man peut être n’importe qui. Il peut être une femme ou un homme de couleur, un homme fait de collages, un père peu adroit, une adolescente tourmentée.

Mais surtout, Spider-Man peut devenir bien plus que ce qu’on lui a toujours attribué. Spider-Man devait voir son oncle ou le père de sa copine mourir, il devait sauver le monde plutôt que de sauver ses proches, il devait constamment se sacrifier pour mener à bien sa mission… jusqu’à maintenant. Jusqu’à ce que Miles Morales en ait assez.

Le récit déborde d’ingéniosité lorsque ses personnages prennent conscience de leur histoire et des événements qu’ils doivent subir. Tous ses collègues ont fait le choix d’accepter leur statut de martyr, en le justifiant par toutes les possibilités qu’un deuil peut offrir une fois surmonté. « On ne peut pas sauver tout le monde », résonne une voix dans la tête de Miles. « Je te prendrai tout, comme tu m’as tout pris », menace une autre. Des mantras rabâchés depuis la création de l’homme-araignée qui, enfin, s’apprêtent à être brisés. À suivre…

Bande-annonce

31 mai 2023De Joaquim Dos SantosKemp PowersJustin Thompson