SPIDER-MAN : FAR FROM HOME
La ficheRéalisé par Jon Watts – Avec Tom Holland, Jake Gyllenhaal, Zendaya – Action – Etats-Unis – 3 juillet 2019 – 2h10
La critique du film
Le septième film consacré au super-héros arachnéen, en à peine quinze ans, intervient seulement deux ans après la relance de la franchise autour du jeune acteur Tom Holland. Après des apparitions dans les autres films de la firme Marvel, force est d’admettre que le personnage de Spider-man est partout. Son exploitation rappelle celle du mutant Wolverine, décliné autant que possible, que ce soit dans les films mais aussi la bande-dessinée où il trustait un grand nombre de publications, à se demander si son pouvoir n’était pas le don d’ubiquité… Mais la gentille araignée est ici au cœur d’une stratégie de développement de l’univers Marvel sans précédent. Far from home prend la suite du premier film, Homecoming, mais également celle d’Avengers : Endgame, dont il constitue une sorte d’épilogue. C’est lui, en effet, qui clôt dix ans d’histoires entamées par le premier Iron-man, il y a une dizaine d’années. Cette introduction révèle à la fois la force de ces projets, leur unité et leur cohérence, mais aussi leur grande faiblesse.
Après la classe découverte, le voyage Erasmus
Dans Homecoming, Peter partait avec sa classe en voyage à Washington, cette fois-ci ce sera l’Europe, représenté comme une sorte de grand musée poussiéreux où les hôtels sont soit miteux soit luxueux, avec des villes vides d’habitants ou presque. Le grand spectacle est au rendez-vous, et la recette est toujours la même : de nouveaux super vilains, un enjeu romantique, avec ce qu’il faut de twist final pour tenir en haleine. De ce point de vue, Far from home est plutôt réussi, il réserve son quota de montagnes russes à grand renfort d’effets spéciaux de qualité, et l’on ressent les progrès effectués en la matière depuis les premiers opus au début des années 2000. Là où l’alchimie opère déjà moins c’est sur un simple constat : le film ne semble jamais fonctionner par lui-même, perdant le supplément d’âme qui faisait la moelle épinière de la trilogie de Sam Raimi. Chaque scène est un écho plus ou moins lointain aux autres épisodes Marvel, et surtout aux Avengers. Le spectateur égaré croyant découvrir une simple aventure du tisseur adolescent en sera pour ses frais. Perdu entre les références et les codes de l’univers super-héroïque, le tournis est proche.
Quels sont les enjeux de ce Spider-Man : Far from home ? Clore une saga et envisager une suite ? Surfer sur la réussite du film précédent ? Difficile à dire tellement on se perd dans cette nébuleuse labyrinthique qui semble avoir abandonné toute direction. La qualité d’un bon comic-book a toujours été de pouvoir se lire sans tenir compte d’une autre histoire, de se suffire à elle-même. C’est encore plus vrai d’un film, fut il de super-héros. Si les volontés d’actualisation et de dépoussiérage des vieilles histoires sont louables, notamment par le biais de la prise en compte de toutes les populations (MJ n’a pas nécessairement à être une rousse blanche pour exister), il est regrettable d’avoir oublié de raconter une bonne histoire, complète, riche de sa propre identité. Le vilain du film lui-même n’existe que par le biais d’un autre héros du Marvel universe, il n’est pas une composante propre à Spider-man, juste un placement de produit.
Cette phase de dix ans est donc terminée, et c’est sans doute pour le mieux tellement elle commençait à sentir le rance et le manque d’ambition artistique.