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STAY HUNGRY

Craig Blake est un jeune homme du Sud, né dans une famille aisée, mais laissé seul et oisif après la mort de ses parents dans un accident d’avion. Il passe son temps à pêcher, chasser et bricoler dans sa grande maison familiale à Birmingham, en Alabama, habitée uniquement par lui-même et un majordome. Blake est employé dans une entreprise d’investissement douteuse dirigée par un escroc rusé nommé Jabo. On lui demande de s’occuper de l’achat d’une petite salle de sport que la société achète pour faire place à un immeuble de bureaux. Il rencontre Joe Santo qui prépare son entraînement pour le titre de Mister Univers…

Critique du film

Réalisé en 1976 par Bob Rafelson dont c’était le quatrième long-métrage, Stay hungry adapte un roman de Charles Gaines situé à Birmingham, Alabama. Dans les années 1950 et 1960, cette ville des Etats-Unis constituait la ville la plus raciste et répressive contre la population noire. La sidérurgie, qui avait connu de grandes heures à Birmingham, était en déclin à la fin des années 1960 et allait laisser place à la recherche médicale, au commerce et à la finance comme nouveaux fleurons de cette cité. Mais l’esprit de discrimination, le complexe de supériorité d’une certaine élite allaient perdurer et des conflits d’une autre forme pouvaient apparaître.

Charles Gaines, issu d’une riche famille de Birmingham, avait commencé dès l’âge de seize ans à s’initier au culturisme ou body-building, pratique physique souvent décriée ou moquée. Cette activité, qui le passionne et contribue à forger sa philosophie de vie, après lui avoir fait également côtoyer des personnes qu’il n’aurait sans doute pas croisés autrement au regard de sa position sociale, va lui inspirer un roman : Stay hungry, qui raconte l’histoire de la rencontre de deux hommes venant d’univers culturels et de milieux sociaux très différents. Le roman rencontre succès commercial et critique et fera l’objet d’une adaptation par une des très figures de ce qu’on a appelé ensuite Le Nouvel Hollywood :  Bob Rafelson.

Stay hungry constitue en quelque sorte une trilogie sur l’Amérique, avec Five easy pieces et The King of Marvin Gardens, deux très beaux films à revoir ou à découvrir d’urgence. Il s’agit d’œuvres étonnantes, avec parfois un décalage, une étrangeté. Les personnages principaux s’avèrent souvent en opposition avec leur milieu, dont ils tentent de s’affranchir, cherchent une certaine forme de vérité ou d’honnêteté. Tout cela est montré à travers des histoires touchantes, empreintes d’une richesse thématique et d’un ton bien particulier, mêlant humour, noirceur, originalité et porté par des interprètes au jeu intense. 

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Stay hungry ne fait pas exception en proposant la rencontre de deux hommes que tout oppose et qui vont apprendre à se connaître et à s’apprécier : Craig Blake (Jeff Bridges) est dans l’immobilier, travaillant avec des associés qui ressemblent plus à des mafieux qu’à des hommes d’affaires respectables. Le cabinet pour lequel il travaille doit racheter une salle de sport, pour pouvoir compléter un ensemble de lots avant de construire un immeuble de bureaux qui rapporterait de solides bénéfices. Craig fait alors connaissance avec Joe Santo, un culturiste qui prépare le concours de Mister Univers (Arnold Schwarzenegger) et de Mary Tate Farnsworth – Sally Field – dont il ne va pas tarder à s’éprendre. 

Le point de départ assez ténu de cette œuvre, très originale et très attachante, n’empêche pas le film d’être une franche réussite : Craig Blake, venu d’un milieu très aisé, va au contact de Joe Santo être initié à une nouvelle philosophie de vie, une autre façon d’appréhender l’existence. Cette confrontation entre deux univers, celui du vieux monde sudiste et celui d’une génération montante, moins formatée ou sclérosée, peut également être vue comme une métaphore du Nouvel Hollywood. Mais c’est surtout une ode à la vie et à l’appétit de vivre, à un état d’esprit à la fois combatif et pacifique, à une force incroyable qui ne s’interdit pas d’être bienveillante.

Dans le rôle de Joe Santo, Arnold Schwarzenegger était la vraie révélation du film : son jeu tout en vulnérabilité, nuances et sensibilité lui valut d’ailleurs le Golden Globe Award du meilleur débutant. A ses côtés, Jeff Bridges et Sally Field livrent de très belles compositions, mais on trouve aussi Robert Englund – le futur Freddy Krueger – dans une prestation drôle et réussie ou R.G. Armstrong en patron de salles atrabilaire et obsédé sexuel ou encore Roger E. Mosley ou Scatman Crothers. 

Stay hungry reste une œuvre assez méconnue du cinéma américain des années 1970. C’est pourtant un film important dans la filmographie de Bob Rafelson, un long-métrage qui sous couvert de divertissement, fait passer des idées fortes et une vision sans concession des conceptions qui s’affrontent. 


Stay hungry est disponible depuis le 6 novembre dans un magnifique combo Blu-Ray et DVD, édité par Bubbelpop, comprenant un livre de 100 pages : VIVRE DANGEREUSEMENT par Christophe Chavdia et les suppléments vidéo suivants :  Joanna Cassidy se souvient de Stay Hungry (12 min). La femme Alpha (6 min.) Arnold devient Schwarzy, par Samuel Blumenfeld (16 min.) La fin du nouvel Hollywood, par Jean-Baptiste Thoret (42 min.) Bubbelpop est un tout nouvel éditeur vidéo qui a déjà plusieurs autres sorties en prévision dont Recherche Susan désespérément qui devrait sortir le 6 décembre. 

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