STRIPPED
Alice et Ziv sont voisins dans un quartier de Tel-Aviv. Alice vient de publier un premier roman particulièrement remarqué. Ziv est un adolescent passionné de musique, mal à l’aise avec l’expression de ses sentiments. Alice pense que Ziv pourrait être le cœur d’un projet documentaire mais leur rencontre va prendre un tournant inattendu…
Critique du film
Avec Chained et Beloved, on pensait avoir affaire à un diptyque. Or, un troisième volet vient compléter la vision du réalisateur sur les thématiques déjà abordées dans les deux précédents films : l’amour et la relation à l’autre vue par les hommes et les femmes, la sexualité mais aussi la violence et les conflits de générations. Dans l’intention de Yaron Shani, ces trois films peuvent se voir dans l’ordre que l’on souhaite. Ils se répondent, se complètent. L’ensemble qu’ils forment doit reconstituer la complexité des relations hommes femmes, apporter des nuances aux sentiments vécus par le spectateur lors de chacun des volets, mais aussi renforcer les paradoxes des personnages et des situations.
Comme pour les deux autres longs métrages déjà sortis, aucun accompagnement musical pour ce film et même processus durant l’année qu’a duré le tournage : les interprètes découvraient dialogues et scénario au fur et à mesure. Ainsi, les émotions naissent naturellement et apportent à l’histoire et au jeu des acteurs / actrices un cachet d’authenticité rare et précieux.
La violence des rapports humains
Alice est devenue distante avec son compagnon. Elle a écrit un ouvrage intitulé « Secouez les barreaux de la cage ». Elle va faire la connaissance de Ziv, qui va bientôt partir pour trois ans de service militaire qu’il veut faire dans la musique. Si son choix d’affectation n’est pas retenu, il devra renoncer à sa passion artistique durant une longue période, ce qui peut lui être préjudiciable. Il s’angoisse. Au même moment, un homme s’introduit chez certaines femmes seules et les agresse, les viole.
Aux thèmes déjà développés dans Chained et Beloved viennent se greffer ceux de la frustration et de la pression sociale concernant la virilité, ou du moins l’idée erronée qu’on s’en fait, en particulier à l’adolescence : l’envie irrépressible de connaître rapidement sa première expérience sexuelle et la peur du regard de ses camarades dictent alors des conduites qu’on n’avait pas forcément souhaitées au départ et qui entraînent les protagonistes sur des jeux dangereux.
Aussi pessimiste que les deux volets déjà sortis chez nous, Stripped touche par sa sensibilité, son regard sur la société et la violence des rapports humains. Il s’agit d’un cinéma très sombre, pas forcément confortable mais nécessaire.
Bande-annonce
23 septembre 2020 – De Yaron Shani, avec Laliv Sivan, Bar Gottfried