TATAMI
La judokate iranienne Leila et son entraîneuse Maryam se rendent aux Championnats du monde de judo avec l’intention de ramener sa première médaille d’or à l’Iran. Mais au cours de la compétition, elles reçoivent un ultimatum de la République islamique ordonnant à Leila de simuler une blessure et d’abandonner pour éviter une possible confrontation avec l’athlète israélienne. Sa liberté et celle de sa famille étant en jeu, Leila se retrouve face à un choix impossible : se plier au régime iranien, comme l’implore son entraîneuse, ou se battre pour réaliser son rêve.
Critique du film
Le judo est un art martial et un sport magnifique, tant esthétiquement que dans son esprit, et qu’on a rarement mis en scène au cinéma, à part bien sûr dans certaines œuvres d’Akira Kurosawa ou de Johnnie To, par exemple. Elham Erfani et Guy Nattiv ont élaboré un scénario intelligent qui refuse les conclusions cousues de fil blanc, les rebondissements habituels, pour signer une histoire à la fois prenante par l’aspect physique et sportif et vitale pour son côté politique et humain.
Guy Nativ, qui revendique son admiration pour des œuvres comme Raging Bull ou La Haine, a choisi justement de tourner son film en noir et blanc, ce qui lui confère un cachet et un charme tout particuliers. Un très gros travail de préparation s’est mis en place : Sadaf Khadem, boxeuse iranienne, a été consultante sur le tournage et Philippe Morotti, grand judoka, s’est occupé de l’entraînement de Zar Amir Ebrahimi et Arienne Mandi. Cette dernière affronte dans le film d’authentiques championnes du monde et on assiste à des combats très réalistes et magnifiquement filmés, qui constituent un atout non négligeable de Tatami, mais qui ne représente qu’un aspect de ce long-métrage profond et d’une grande richesse.
Cet excellent film mêle drame humain et sportif, thriller et pamphlet anti-dictature et distille une tension de tous les instants. On voit se déployer une histoire de dilemme terrible, implacable, et la distribution se met au diapason d’une mise en scène remarquable. Un véritable suspense parcourt tout ce récit aux points de vue majoritairement féminin. Les principaux personnages de Tatami sont des femmes fortes, déterminées ou dans le doute, mais elles ont toutes un caractère bien dessiné, très bien écrit. L’importance du point de vue féminin se retrouve également dans les coulisses, grâce à l’écriture subtile et à la grande acuité d’Elham Erfani – qui apparaît également à l’écran dans le rôle de l’assistante coach – et à la mise en scène, à la réalisation de Guy Nativ et Zar Amir Ebrahimi.
Sur une thématique forte – être confronté à un choix impossible à faire – et finalement universelle, Tatami offre une œuvre complexe et intelligente, à travers une narration sans temps mort, particulièrement divertissante et une mise en scène accrocheuse.
Bande-annonce
4 septembre 2024 – De Zar Amir Ebrahimi, Guy Nattiv, avec Arienne Mandi, Zar Amir Ebrahimi, Ash Goldeh