THE ADDICTION
Brillante étudiante en philosophie à l’Université de New York, Kathleen prépare activement sa thèse de doctorat. Un soir, elle croise sur son chemin une étrange et séduisante femme qui la conduit de force dans une impasse avant de la mordre au cou. Bientôt, Kathleen va développer un appétit féroce pour le sang humain qu’elle assouvira en attaquant ses proches ou des inconnus…
Critique du film
Réalisé en 1995 à New York dans des conditions plus qu’artisanales – tournage express en vingt jours, membres de l’équipe qui acceptent de ne pas être payés tout de suite – The Addiction réunit dans un écrin noir et blanc somptueux les thèmes chers à Abel Ferrara : le mal, la culpabilité, l’autodestruction. Débutant sur des images de massacres perpétrés durant la guerre du Vietnam, nous suivons donc le parcours de Kathleen qui va devenir un vrai prédateur pour celles et ceux qui croisent sa route.
D’autres scènes viendront évoquer l’idée de destruction de son prochain, de négation de l’autre avec des images de la Shoah, lors d’une exposition. Beaucoup de citations philosophiques émaillent cette œuvre dérangeante, qui ressemble beaucoup à un cauchemar. Ce vampirisme constitue bien sûr chez Ferrara une allégorie de l’addiction à la drogue, un mal qui rend aveugle, insensible à tout ce qui ne vient pas éteindre cet appétit destructeur et autodestructeur. Comme dans cette scène où Kathleen prélève du sang chez un SDF pour s’en faire un shoot.
Mais il s’agit peut-être aussi d’un mal moins spécifique, plus répandu : celui de l’Homme. « Il n’y a pas d’histoire. Le mal est en nous » entend-on dans le film. Comme une malédiction qui se répète. Comme quelque chose d’inhérent à la condition humaine, qui contraindrait à détruire, à tuer pour assurer sa propre survie. Cette œuvre pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponse et peut paraître extrêmement sombre et nihiliste.
La photographie de Ken Kelsch, magnifique, tout en contrastes, met en valeur les visages, mais aussi les atmosphères de la ville de New York, filmée parfois comme dans un documentaire avec sa faune de drogués et de SDF ou comme dans un film de Murnau. Les interprètes Lili Taylor, Christopher Walken et Annabella Sciorra portent avec intensité ce film choc qui ne laisse pas indifférent.
Un grand film vénéneux hanté par la question du mal mais également traversé par des fulgurances liées à l’idée de rédemption.
Le 24 mars disponible en DVD et en Blu-Ray, dans une superbe restauration 4K inédite en France, et édité par Carlotta Films. Suppléments : Entretien avec les vampires : documentaire réalisé en 2018 par Abel Ferrara (31 minutes HD) / Entretien avec Abel Ferrara (16 minutes HD) / Analyse de Brad Stevens (9 minutes HD) / Abel Ferrara pendant le montage de The Addiction (9 minutes) / Bande-Annonce originale
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