THE CRAFT – LES NOUVELLES SORCIÈRES
L’introvertie Hannah arrive dans un nouveau lycée. Elle se lie d’amitié avec trois autres camarades. Les jeunes femmes commencent à pratiquer la magie et invoquent les plus puissants esprits afin de transformer leurs rêves en réalité.
Critique du film
En 1996, The Craft sort en France sous le titre Dangereuse alliance. Le film, qui saupoudre de frissons les ingrédients habituels des « teen-movies », devra attendre sa sortie en vidéo, puis en DVD – alors format en plein essor – pour décrocher son statut culte auprès des trentenaires et quadras d’aujourd’hui. The Craft – les nouvelles sorcières déboule vingt-cinq ans plus tard pour en assumer l’héritage (Le titre original, « The Craft, Legacy », annonce la couleur).
Entre-temps, plusieurs sorcières sont venues peupler la pop-culture (Charmed, Sabrina, l’apprenti sorcière et son remake Netflix…). Par ailleurs, depuis une poignée d’années, la sorcellerie – surtout la symbolique qui lui est rattachée – est embrassée toujours plus fort par de nombreuses féministes, la figure de la sorcière incarnant tout ce que honnit le système patriarcal.
Bienveillante alliance
Cette suite (ou faux reboot) est donc nourrie de ce nouvel air du temps. Les séquences fantastiques sont portion congrue et relativement peu impressionnantes. Elles ne représentent cependant pas le principal intérêt de ce long-métrage qui célèbre la sororité. Aucune rivalité féminine, la bienveillance entre femmes prédomine – à commencer par la relation mère-fille tout en complicité et compréhension. Les deux personnages antagonistes sont des hommes mais la gent masculine n’est pas diabolisée pour autant (ce qui n’empêchera sans doute pas certains de trouver le parti-pris trop « radical » ou simpliste).
David Duchovny incarne une sorte de gourou masculiniste, soulignant à gros trait le propos symbolique du film pour qui ne l’aurait pas saisi. En contrepoint, ses trois fils contribuent à montrer comment les injonctions faites aux hommes entravent, à des degrés divers, leur épanouissement. L’autre « méchant » de l’histoire, c’est le mec grande gueule du lycée, beau gosse qui multiplie les sorties misogynes pour asseoir sa popularité. Il ne tarde pas à faire l’objet d’un sort lancé par les quatre « nouvelles sorcières », qui le transforment en mec « woke » ne tardant pas à faire une confidence illustrant là encore les effets toxiques de la masculinité érigée en valeur absolue.
Cette suite, reflétant une partie des préoccupations de notre époque (féminisme, visibilité LGBT…) ne rejoindra pas le Panthéon du cinéma fantastique pour ses qualités cinématographiques, mais elle n’en demeure pas moins un petit plaisir de spectateur. Les fans de Dangereuse alliance goûteront sans doute à l’effet madeleine nostalgique. Le charme continue d’opérer jusqu’à son clin d’œil final, cerise sur le biscuit.
Bande-annonce
10 février 2021 (sortie vidéo) – Avec Cailee Spaeny, Gideon Adlon, Lovie Simone