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THE DIRT

La fiche
The dirt Netflix affiche

Réalisé par Jeff Tremaine Avec Iwan Rheon, Daniel Webber, Douglas Booth… 
Etats-Unis Biopic, musical – Sortie (Netflix) : 22 mars 2019 – Durée : 108 min

Synopsis : Un biopic sur le groupe de rock Mötley Crüe, adapté du livre « The Dirt: Confessions of the World’s Most Notorious Rock Band ». 

Avant-propos

La sulfureuse autobiographie The Dirt : Confessions of the World’s Most Notorious Rock Band, publiée en 2001, brossait un portrait sans concession de l’un des groupes de Hard Rock les plus populaires des années 80 : Mötley Crüe. Nikki Sixx, Tommy Lee, Mick Mars et Vince Neil étaient alors quelque peu essoufflés de ce mode de vie qui avait repoussé les limites extrêmes de la devise « Sex, Drugs and Rock N’ Roll ». Il était temps de faire le bilan du groupe, et tous se sont mis d’accord sur un point : quelle bande d’idiots ! Un constat franc, critique, trash, nous faisant néanmoins comprendre que derrière ces fresques aussi drôles que cruelles (consommation massive de cocaïne, d’alcool, homicide involontaire, misogynie exacerbée), se cachait l’une des incarnations les plus flamboyantes de l’esprit Rock N’ Roll. Leur énergie, leur sens du show ainsi que leurs nombreux tubes ont hissé les membres du Crüe au sommet, dont ils auront profité avec excès.

La critique du film

The dirt, le film de Jeff Tremaine, produit par les quatre membres du groupe et disponible sur Netflix, nous est présentée comme une retranscription fidèle de l’autobiographie du Crüe. Or, c’est justement cette fidélité qui dessert le film, même s’il prétend l’inverse.

En effet, The Dirt ne cesse de jouer de la distanciation afin de nous faire croire à une soi-disante liberté de ton et de style. Mais combien de fois avons-nous vu ce type de procédé, digestion superficielle du film de gangsters scorsesien, pensant être intelligent en faisant un arrêt sur image, en introduisant une voix-off, et en commentant ce que nous sommes en train de voir ? Ce n’est plus de l’impertinence, c’est du rabâchage.

The dirt netflix

Et de fait, le film n’utilise même pas ce jeu entre les points de vue pour dire quoi que ce soit de son sujet, mis à part « ils sont bêtes, mais attachants ! ». cela est d’autant plus dommage qu’il lance ici ou là quelques pistes qui auraient pu enrichir le récit : la différence d’origine sociale entre Tommy Lee et Nikki Sixx, la parenté alcoolisée entre le Crüe et le légendaire Ozzy Osbourne, le puritanisme bousculé par l’album Shout at the Devil, etc.

Qui ne tente rien…

Le film ne tente rien, et n’offre aucune profondeur à ses personnages, néanmoins très bien incarnés à l’écran. Mis à part le personnage de Vince Neil, qui après son accident et la perte de sa fille commence à montrer un embryon de sensibilité, tous les autres membres du groupe ne sont traités que de façon superficielle. Mick Mars, qui dénote du fait de son âge, sa maladie et son apparence, pouvait faire l’objet d’un développement intéressant : au total, nous le voyons à peine plus de dix minutes dans le film…

Enfin, pour ce qui concerne « the dirt », la crasse, le sens de la débauche qui a fait la réputation du groupe, le film remplit plus ou moins son objectif : certes, on en a pour notre argent, mais encore une fois, le film n’en fait pas grand chose. Les séquences s’enchaînent, se ressemblent (combien de fois voyons-nous Vince Neil faisant l’amour à une groupie en backstage…) et finalement, lassent. Notons néanmoins deux moments significatifs : la scène (beaucoup trop courte) où le groupe voit Ozzy Osbourne sniffer un rail de fourmis avant de lécher sa propre pisse (là, on est crade !), et la « journée type » de Tommy Lee sur la tournée de Dr Feelgood, accumulant des plans subjectifs assez réjouissants.

The Dirt pouvait vraiment être une bonne surprise s’il avait choisi d’avoir un discours et un point de vue sur son propre sujet. Mötley Crüe était un groupe passionnant, acteur outranciers du rock/Metal des années 80, et précurseur des excès people des années 90 et 2000. Le crüe envoyait du lourd, et The Dirt n’a pas su être à la hauteur de leur réputation, délivrant un biopic formaté, faussement subversif, et profondément décevant.



La bande-annonce

Disponible sur Netflix depuis le 22 mars