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THE FIRST SLAM DUNK

Le meneur de jeu de Shohoku, Ryota Miyagi, joue toujours intelligemment et à la vitesse de l’éclair, contournant ses adversaires tout en gardant son sang-froid. Né et élevé à Okinawa, Ryota avait un frère aîné de trois ans de plus. Sur les traces de ce dernier, joueur local célèbre dès son plus jeune âge, Ryota est également devenu accro au basket. En deuxième année de lycée, Ryota fait partie de l’équipe de basket-ball du lycée Shohoku, aux côtés de Sakuragi, Rukawa, Akagi et Mitsui, et participe au championnat national inter-lycées. À présent, ils sont sur le point de se mesurer aux champions en titre, les joueurs du lycée Sannoh Kogyo.

Critique du film

Slam Dunk : de manière regrettable, ces deux mots ne résonnent pas de la même manière aux oreilles des francophones qu’à celles des Japonais. Prépublié dans le célèbre magazine Weekly Shonen Jump durant les années 1990, ce manga connaît un succès phénoménal qui relance l’engouement pour le basket-ball dans l’archipel et permet à Takehiko Inoue d’entrer dans le cercle très fermé des auteurs de bande-dessinées les plus lus au monde avec plus de 170 millions d’exemplaires vendus… sans que la réputation de son œuvre ne parvienne à égaler la hauteur de son mérite en France.

Slam Dunk n’est pourtant pas un énième manga sur des athlètes qui finissent par tout réussir à force d’acharnement. C’est avant tout le travail d’un auteur, qui, mû par sa passion pour un sport, va en opérer la transcription au format papier la plus saisissante qui soit, en soulignant par son trait et son découpage à quel point le basket-ball est une discipline où tout se joue très très vite.

THE FIRST SLAM DUNK

L’adaptation animée produite par le studio Toei Animation de 1993 à 1996 ne couvrait pas la totalité de l’histoire, et s’interrompait juste avant que l’équipe du lycée de Shohoku ne se hisse au niveau national. Les raisons de l’annulation restent peu claires mais la thèse du mécontentement de Inoue vis-à-vis du travail de l’équipe d’animation reste probable, étant donné qu’il se charge lui-même de la mise en scène de The First Slam Dunk. Ce long-métrage marque ainsi à la fois une fin et un commencement : la conclusion de l’histoire du manga qui n’a jamais eu l’occasion d’être animée jusqu’ici, et le point d’entrée pour tout novice de la série.

L’utilisation de l’imagerie 3D générée par ordinateur, toujours décriée par les fans les plus sectaires de l’animation japonaise, a rarement été aussi pertinente : elle permet une caméra beaucoup plus mobile, capable de traverser le terrain à toute allure et d’intégrer dans l’image un grand nombre de joueurs en mouvement. Dès les premiers échanges, toute la mise en scène semble dérouler ses effets pour démontrer que la version animée de 1993 (qui a d’autres qualités par ailleurs) avait une pesanteur qui nécessitait trois décennies de progrès technique pour être levée. De ce fait, le film rejoint plus aisément la mise en scène du manga, dont le point de focalisation était uniquement le ballon. Plutôt que de montrer le déploiement tactique des équipes à travers de larges plans, Inoue privilégie la surprise de qui se trouve dans le contre-champ au moment où un joueur mène une action décisive.

Le réalisateur reprend ainsi le montage parfait de ses propres planches mais le dilue dans un rythme et des enchaînements proprement cinématographiques. Tous les moments clés du match contre l’équipe de Sannoh sont présents, mais ne sont plus singularisés comme dans le manga : les scènes de sport sont construites en flux ininterrompu, qui évoque bien évidemment les véritables matchs de basket. L’ensemble, qui s’affirme comme un film de sport en premier lieu, est moins séquencé, moins dédié à l’individualité de chaque joueur bien que l’on saisisse globalement quelle est leur spécificité de jeu. Quelques exceptions subsistent tout de même avec les dribbles et les tirs les plus importants, où la temporalité devient élastique, mais cela correspond autant aux montées d’adrénaline typiques des animés shonen qu’à la manière traditionnelle de représenter le sport à la télévision.

THE FIRST SLAM DUNK

L’ensemble garde la part comique de l’œuvre originale, les éléments de surprise dans le jeu également, mais privilégie une frénésie quasi-constante. Cela passe par une volonté de sonoriser à juste proportion les bruits de pas, de ballon qui frappe le sol et de paniers violemment marqués, dans un espace sonore déjà bien rempli par les cris des joueurs et les encouragements du public. Le grand renfort de guitare électrique et de batterie pour élever l’effort et la cohésion d’équipe au rang de mythe à chaque action clé fait presque soulever un sourcil, mais inutile de mentir : on cède vite à l’appel du cool et de la prestation sportive, qui reste impressionnante et réaliste.

Takehiko Inoue est par ailleurs très conscient des effets visuels et sonores qu’il rajoute à son découpage exemplaire couché sur papier il y a trente ans, puisqu’il y revient d’une certaine manière dans le sprint final, en effeuillant son film de toutes les surcouches, en soustrayant le mouvement fluide, puis la couleur et le son pour marquer avec grand succès le suspense du dernier tir du match.

Si le manga progressait au fil de sa publication vers une abstraction des personnages pour ne garder que les scènes de jeu, le film présente une volonté d’équilibre et introduit plusieurs flashbacks au cours du match. Il révèle ainsi quelques éléments inédits du passé de Ryota Miyagi, joueur de Shohoku qui n’était pas le personnage principal du manga.

THE FIRST SLAM DUNK

Une bonne moitié du récit est consacrée à un traumatisme familial assez pesant et convenu, mais qui a le goût de se focaliser sur les émotions complexes engendrées par une disparition plutôt que sur le drame lui-même. Ces événements deviennent un moteur de la passion pour le sport et la rage de vaincre de Miyagi dont on pouvait aisément se passer – le travail formel des séquences de basket étant déjà un justificatif suffisant à leur propre existence. Mais ces scènes familiales laissent un interstice pour un petit sentiment de nostalgie autrement refusé en bloc par le film, dans ce moment très calme où la mère de Miyagi regarde une vieille cassette d’un match où jouent ses deux jeunes fils : comme elle, on peut se dire, un peu ému, que les ados dont on a suivi les débuts sportifs il y a longtemps ont bien grandi.

bande-annonce

26 juillet 2023 – De Takehiko Inoue, avec Katsuhisa HōkiTetsu Inada


Annecy 2023