THE GRILL
C’est le rush dans la cuisine du Grill, restaurant très animé de Manhattan. Quand de l’argent disparaît de la caisse, le service dégénère. Pedro, cuisinier rêveur et rebelle, tente de prouver son amour à Julia, tandis qu’Estella, nouvelle recrue tout juste arrivée du Mexique, doit naviguer dans ce chaos.
Critique du film
Alonso Ruizpalacios s’est fait remarquer en 2014 avec son premier long-métrage, Güeros, tourné en noir et blanc, qui suivait des étudiants lors d’une grève universitaire à Mexico. Quatre ans plus tard, il réalise Museo, inspiré de l’histoire vraie d’un vol au Musée national d’anthropologie et en profitait pour questionner l’identité culturelle et le patrimoine mexicain. Avec La Cocina (rebaptisé The Grill), présenté à la Berlinale puis au festival de Deauville à l’automne dernier, le cinéaste poursuit dans cette veine sociale, en adaptant cette fois une pièce britannique de 1957 dans un contexte contemporain.
La Cocina se déroule principalement dans la cuisine animée de « The Grill », un restaurant situé à Times Square, New York. L’intrigue suit Pedro (Raúl Briones), un cuisinier sans papiers rêvant d’une vie meilleure, et sa relation complexe avec Julia (Rooney Mara), une serveuse américaine hésitante à s’engager dans une relation de couple. Lorsque de l’argent disparaît de la caisse, Pedro devient le principal suspect, déclenchant une série d’événements qui menacent de bouleverser la vie déjà précaire des employés de la cuisine.
The grill met en lumière les travailleurs invisibles, que Trump est prêt à expulser sans vergogne à grands coups de décrets insensés, alors qu’ils assurent l’essentiel de la main d’oeuvre dans les établissements américains. Dans cet espace bouillonnant, où les personnages s’expriment en Anglais, en Espagnol et bien d’autres langues, on constate toute la diversité qui règne dans un pays encore perçu comme une opportunité pour de nombreux immigrants en quête du fameux « rêve américain », et qui ont quitté leur terre de naissance et tout risqué dans l’espoir d’une vie meilleure.
Formellement, le film de Ruizpalacios se distingue à nouveau par son choix du noir et blanc, qui donne au long-métrage une atmosphère intemporelle et accentue les contrastes entre les personnages et leur environnement. Le format de l’image, combiné à une caméra fluide, traduit l’énergie frénétique de la cuisine, pour recréer une sensation de chaos qui pourra parfois dérouter le spectateur, tout comme sa dimension métaphorique. On regrettera aussi que le scénario soit aussi éparpillé, à cause de l’abondance de sous-intrigues qui, pour certaines, seront éclipsées en cours de route. Cette structure narrative leste parfois le film, dans sa fluidité et son rythme, et rend certains passages moins prenant que d’autres.
Le film retrouve son essence lorsqu’il se recentre sur ses personnages principaux et sa distribution, menée par Raúl Briones, dont la performance a été saluée (à juste titre) pour sa profondeur et son intensité, et Rooney Mara, qui incarne Julia avec une subtilité qui reflète les dilemmes internes de son personnage, qui ne veut plus se laisser imposer ses choix de vie par les hommes. La justesse de leurs scènes et la belle alchimie entre les deux comédiens offrent au film ses séquences les plus abouties, entre complicité et tension, et ancrent le récit dans une réalité humaine plus profonde.
Bande-annonce
2 avril 2025 – D’Alonso Ruizpalacios
Avec Raúl Briones, Rooney Mara, Anna Diaz