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THE HAUNTING OF BLY MANOR

Dani Clayton, une jeune institutrice au passé trouble, est engagée pour veiller sur Flora et Miles, deux orphelins vivant dans un manoir isolé en pleine campagne. Les enfants, comme tous ceux qui vivent dans la demeure, cachent un terrible secret qui ne va pas tarder à bouleverser la vie de la nouvelle employée. Peu à peu, d’effrayantes apparitions viennent la hanter.

A ghost story

Après le succès de The Haunting of Hill House, Mike Flanagan poursuit son récit de fantômes dans sa série d’anthologie avec une nouvelle saison de neuf épisodes, intitulée The Haunting of Bly Manor. Bien plus drame horrifique que véritable série d’horreur, Bly Manor s’inspire de Le Tour d’Ecrou d’Henry James, et offre une relecture contemporaine dévorée par la tristesse. 

The Haunting of Bly Manor s’inscrit dans le prolongement de l’adaptation de Jack Clayton, et entreprend un dialogue constant avec Les Innocents. D’abord à travers son motif musical, qui décline la berceuse terrifiante du film de 1961, O Willow Wally, et qui se pare au fur et à mesure des épisodes d’une tonalité de plus en plus mélancolique. Mais aussi par son univers gothique ancré dans les années 80, qui reprend consciemment certains plans du film pour les amener vers une autre histoire. Plus qu’un hommage, Mike Flanagan entreprend de raconter les mémoires des fantômes qui hantent les murs d’un récit vieux de près de deux siècles. 

Poussière du temps

Loin de la tension constante qui animait The Haunting of Hill House, cette seconde saison se veut plus lyrique. “Une histoire d’amour” en somme qui défie les lois du temps et qui endosse différente forme, aussi libre, passionnée qu’interdite. Comme toujours chez Flanagan, les moments de frayeurs déploient en eux une émotion désarmante. Sans doute car il parvient à créer ce qui manque encore à une trop grande partie des productions horrifiques, à savoir l’empathie. Les personnages de Bly Manor sont profondément attachants par leur humanité, y compris dans l’au-delà. 

A travers une construction en puzzle, The Haunting of Bly Manor retrace les récits de ses personnages, prisonniers du manoir, errant entre passé et présent. Si le virage paraît brutal, entraînant avec lui d’importants problème de rythme dû à l’apparente déconnexion des épisodes entre eux, il en émane pourtant un charme continu, renforcé par son très bel épisode cinq. 

Si dans Hill House les fantômes incarnent un traumatisme familial, ils traînent à Bly Manor les souvenirs du temps. Un récit de deuil, de soi, et des autres. Se regarder mourir et disparaître peu à peu de la mémoire du monde, tirant avec soi des maux irrésolus. The Haunting of Bly Manor interroge sur l’amour, la mort et la mémoire sous toutes leurs formes avec un romantisme pourtant jamais désespéré. 

Tant pis si The Haunting of Bly Manor n’atteint pas la qualité de son prédécesseur, et manque parfois de subtilité. La série construit au fil de ses neuf épisodes un romantisme d’une beauté sans pareille, dont l’émotion prend à rebours. La profonde tristesse qui en émane en devient paradoxalement cathartique, réconfortante même, transformant l’idée de la mort en quelque chose de plus acceptable. Et peut-être que c’est aussi ça, la fiction. Se raconter des histoires pour ne pas (s’)oublier, et soigner ses propres peurs dans des spectres de papiers.


Disponible sur Netflix


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