THE RIDER
Le jeune cowboy Brady, étoile montante du rodéo, apprend qu’après son tragique accident de cheval, les compétitions lui sont désormais interdites. De retour chez lui, Brady doit trouver une nouvelle raison de vivre, à présent qu’il ne peut plus s’adonner à l’équitation et la compétition qui donnaient tout son sens à sa vie. Dans ses efforts pour reprendre en main son destin, Brady se lance à la recherche d’une nouvelle identité et tente de définir ce qu’implique être un homme au cœur de l’Amérique.
Il était une fois dans l’Ouest.
Trois ans après le remarqué et remarquable Les chansons que mes frères m’ont apprises, la cinéaste Chloé Zhao est enfin de retour. On sait qu’il est toujours difficile d’enchaîner après un premier essai, surtout lorsque celui-ci était une réussite. Et pourtant, Chloé Zhao réussit l’exploit de faire encore mieux. De la même façon que dans Les chansons…, la cinéaste se tourne vers une certaine jeunesse américaine, une jeunesse qui n’intéresse pas le cinéma américain, celle des amérindiens isolés dans des états désertiques où l’ennui et le chômage semblent régner en maîtres.
Dans The Rider, le néophyte Brady Jandreau tient son propre rôle, celui d’un cowboy tout juste victime d’un accident de rodéo l’obligeant à ne plus jamais monter à cheval. Déjà, physiquement, on a là un jeune comédien doté d’une pure « gueule de cinéma », sorte de mix entre Heath Ledger, Josh Hartnett et Aaron Taylor-Johnson. Au-delà de son physique avantageux, le garçon dégage un charisme et une aura indéniables, d’autant que ses fêlures physiques et mentales sont authentiques.
Et c’est cette authenticité qui fait tout le sel du récit : comme dans Les chansons, la frontière entre la fiction et la réalité demeure ténue, créant le trouble chez le spectateur qui peut penser que les faits sont purement fictionnels, jusqu’à ce qu’il réalise, au détour d’une séquence à l’hôpital, que ce qu’il voit à l’écran – ces blessures liées à l’amour des chevaux et du rodéo – ne sont pas que du cinéma.
Cette émotion brute, le spectateur se la prend directement dans le bide et dans le cœur. Une émotion qui ne lelâchera plus jusqu’à la fin du film.
The Rider est donc un film sur la vulnérabilité et sur la difficile tâche qui consiste à se reconstruire lorsque l’on se voit retiré ce qui constituait le moteur de sa vie. Brady le cowboy est même prêt à mourir pour garder son identité, et étant donné les risques encourus par son activité et sa désormais fragile condition, c’est tout simplement sa vie qu’il risque de perdre tout en voulant y trouver un sens. Avec un tel postulat, on pouvait redouter un film potentiellement doloriste et larmoyant ; c’est pourtant tout l’inverse qui se produit, Chloé Zhao confirmant son aptitude à conter une histoire de l’Amérique oubliée avec une extrême douceur, une grande délicatesse, et surtout une justesse du regard qui éclatait déjà dans son premier long-métrage. À l’heure où le tout Hollywood souhaite mettre en avant davantage de diversité, il est peut-être temps que l’on s’intéresse vraiment à l’œuvre que Chloé Zhao est en train de se bâtir doucement mais sûrement.