THE SHAMAN SORCERESS
Une fille muette et son père ont laissé chez moi un tableau intitulé « La Sorcière chamane ». Cette représentation vaut mille mots. Une chamane dénommée Mohwa, qui vit avec sa fille muette Nang-yi et son mari, a pratiqué le chamanisme durant toute son existence. Un jour, son fils Wook-yi revient à la maison après plusieurs années d’absence, et après s’être converti au christianisme. Cela provoque un conflit et mène sa famille à la tragédie.
Critique du film
Basé sur le roman éponyme de Dong-Ni Kim de 1936, The Shaman Sorceress évoque la difficile réconciliation entre modernité et tradition dans une Corée marquée par l’arrivée du christianisme. Jae-huun Ahn tisse les liens entre la petite et la grande histoire à travers l’auto-destruction d’une famille dont les croyances sont mises à rude épreuve.
Passé une première demie-heure fragile, bercée par des scènes musicales assez fades, The Shaman Sorceress se révèle être une tragédie sensible, renforcé par une animation délicate et colorée. Jae-huun Ahn représente avec finesse une Corée au croisement entre le féodalisme et la modernité, et matérialise ce schisme jusque dans son animation : les personnages animés en 3D évoluent dans un décor plat qui recrée avec détails une Corée chatoyante. Si les scènes musicales du fils Wook-yi cassent le rythme du récit, celles de sa mère Mohwa expriment progressivement un véritable désespoir. Le film se teinte peu à peu d’une certaine modernité, à mesure que le conflit familial s’installe, jusqu’à frôler l’horrifique.
The Shaman Sorceress dépasse son récit politique et évoque en filigrane la difficulté des relations familiales, opposant avec justesse les conflits entre amour et croyance au sein d’un même foyer. Une mention du jury Contrechamp méritée pour un film d’animation d’une élégance folle, dont la scène finale hante par sa poésie désespérée.
Présenté en Compétition Contrechamp au Festival international du film d’animation d’Annecy