THE SILENCE
La ficheRéalisé par John R. Leonetti – Avec Stanley Tucci, Kiernan Shipka, M. Otto…
Etats-Unis – Fantastique, horreur – Sortie (Netflix) : 10 avril 2019 – Durée : 91 mn
Synopsis : De terrifiantes créatures ont envahi la Terre, chassant leurs proies humaines au bruit. Pour leur échapper, les Andrews se réfugient dans un lieu isolé, mais découvrent un culte sinistre qui cherche à exploiter les sens suraiguisés de leur fille Ally, sourde depuis ses 13 ans.
La critique du film
Faut-il se méfier des films à concept ? Si Sans un Bruit avait provoqué la surprise l’année dernière, en apportant un vent de fraîcheur au cinéma horrifique, il n’aura pas fallu longtemps pour que d’autres s’emparent de son idée. Surfant sur le succès de l’arnaque Bird Box, qui remplaçait le bruit par la vue, Netflix va tenter de rééditer l’exploit en ayant acquis les droits d’exploitation de The Silence, film horrifique réalisé par John R. Leonetti adapté. Ce nom ne vous dit rien ? Il devrait pourtant vous mettre immédiatement la puce à l’oreille : il est le responsable du désastreux Annabelle.
Une caverne, une caméra à l’épaule, et du bruit, beaucoup de bruit. On s’étonnerait presque qu’un film intitulé The Silence s’ouvre de manière aussi bruyante. Mais qu’à cela ne tienne : cette première séquence est à l’image du film tout entier. On ne voit rien, on ne comprend rien, et le film masque son incapacité à créer de la tension avec des effets datés. On se croirait revenu en 2010, aux heures les plus sombres du found footage. Si le film délaisse heureusement ce procédé, il n’en demeure pas moins aussi vain.
Beaucoup de bruit pour rien
Tout le problème de The Silence réside dans son propre concept. Pompant allègrement sur ses références, de Cloverfield au récent Sans un Bruit, le film n’exploite jamais le silence, et pire encore, il brise totalement ses propres règles. Le film pose rapidement la question épineuse de la surdité à l’écran et ne parvient jamais à la résoudre. On apprend, dans un flashback maladroit, qu’Ally est sourde suite à un accident de la route dans l’enfance. À l’écran, Ally parle parfaitement normalement, et rien, mis à part de rares ultra-sons, ne viennent signifier son handicap. Il justifie simplement l’usage de la langue des signes. La comparaison avec Sans Un Bruit est inévitable tandis que celui-ci avait au moins la décence d’engager une actrice sourde, Millicent Simmonds. Si l’on veut bien adhérer à la suspension d’incrédulité, celle-ci ne permet pas magiquement de nous faire gober n’importe quoi, n’importe comment.
The Silence ne l’assume pas, son concept. Difficile de croire en une quelconque menace lorsque tous les personnages font du bruit en permanence. Le film a alors la fausse bonne idée de supprimer tout son à l’écran le temps de certaines séquences, y compris ceux naturels, pour masquer son manque flagrant de maîtrise. Le pire est pourtant encore à venir. Ne sachant plus quoi faire de son idée, et ne sachant surtout pas comment terminer son film, celui-ci introduit brusquement la quête d’un refuge (qui n’est pas sans rappeler, à notre plus grand malheur, Bird Box). Le film se réveille dans ses 20 dernières minutes mais nous laisse consternés à l’arrivée de son générique : rien n’a été résolu. En se cachant derrière un prétendu mystère, il évite d’apporter des réponses basiques à son univers. Le résultat final est confus et ridicule, et il faut admettre qu’on avait déjà perdu tout intérêt à la moitié du film.
En 90 minutes, The Silence parvient à compiler tous les pires clichés du genre dignes du plus médiocre DTV, tout en rendant immédiatement désuet un concept pourtant rafraîchissant. On ne sera pas étonné de voir que Sans un Bruit aura fait des petits, on regrette que cela soit pour le pire. Mieux vaut être sourd que d’entendre cela.